Une amie de mon groupe littéraire l'avait reçu à Noël mais n'avait pas envie de le lire. Curieuse de nature j'avais envie de tenter, elle me l'a donc prêté.
Diégane, jeune auteur d'origine sénégalaise, étudiant en France, est à la recherche de son style, sa singularité. Un soir d'août 2018, il rencontre une autre auteure sénégalais, Siga D, qui va lui faire découvrir un roman mythique, "le Labyrinthe de l'inhumain" d'un certain T.C. Elimane.
Ce roman, paru en 1938, a tout d'abord été encensé par la critique, qualifiant son auteur de « Rimbaud nègre », avant d'être descendu pour des accusations de plagiat. Retiré des ventes, sa petite maison d'édition va devoir fermer, et son mystérieux auteur d'origine sénégalaise, T.C. Elimane va disparaître.
Intrigué autant que fasciné, Diégane va commencer des recherches.
Il va tout d'abord interroger Siga D, en possession de cet ouvrage rarissime car faisant partie de la famille de l'auteur. Mais il va aussi relire une enquête réalisée en 1948 par une journaliste, Brigitte Bollème. Celle-ci avait pu retrouver et interviewer une des éditrices de l'auteur.
Cette quête est en fait un support pour parler du pouvoir des livres, de la littérature et de tout ce qui gravite autour : écrivains, éditeurs, critiques ou même lecteurs.
J'ai aimé l'idée de l'intrigue, la poursuite de cet écrivain maudit et la reconstruction de son histoire et de celle de sa famille. J'ai aimé y voir des réflexions sur la littérature mais aussi sur la colonisation, les migrants, les cultures ...
Par contre, j'ai été perdue dans la construction du roman, multipliant les points de vue, passant d'un narrateur à l'autre, d'une époque à une autre, suivant le schéma labyrinthique des divagations de l'esprit.
Dans la première partie, ça va encore, mais ensuite, les personnages et les thèmes se multiplient. Alors j'ai commencé à me perdre et à m'ennuyer. J'avais envie de savoir, mais j'ai trouvé ça très long.
J'ai en plus été déçue par la fin qui ne donne pas des réponses à toutes les questions posées (il faut dire qu'il y en a eu beaucoup !)
Une lecture en mi-teinte donc. Un beau sujet et des passages intéressants mais une lecture qui a été souvent laborieuse et qui ne me restera pas longtemps en mémoire.
Extraits :
"Il était un avertissement qu’on n’a pas su entendre. Cet avertissement disait, à nous écrivains africains : inventez votre propre tradition, fondez votre histoire littéraire, découvrez vos propres formes, éprouvez-les dans vos espaces, fécondez votre imaginaire profond, ayez une terre à vous, car il n’y a que là que vous existerez pour vous, mais aussi pour les autres."
"N’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. Ne retombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu’il est grand. Ce piège est celui que l’opinion te tend. Les gens veulent qu’un livre parle nécessairement de quelque chose. La vérité, Diégane, c’est que seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout."