La nature exposée

Noté suite à la critique de Luocine

Il est taiseux et solitaire. Montagnard, il habite une maison à l'orée du village et gagne sa vie en vendant aux touristes des figurines sculptées dans du bois et quelques fossiles trouvés lors de ses marches. Avec deux amis, il est aussi passeur pour des "voyageurs". S'il se fait payer, comme les deux autres, il rend l'argent aux exilés une fois la frontière passée. Ainsi, il se sent utile.

Quand ce geste altruiste devient célèbre, il est obligé de fuir son village et se retrouve sur la côte, où d'autres exilés survivent de petits boulots. En cherchant un travail de sculpteur, ou plus précisément de réparation de sculpture, il va rencontrer un prêtre à la recherche de la bonne personne pour rendre à un christ en croix son aspect originel. Il s'agit d'enlever le drapé rajouté sur la nudité du christ, sur sa "nature". L'enlever entraîne forcément la destruction du sexe, et donc sa restauration.

Il va se lancer dans ce travail à corps perdu, recherche, étude, douleur infligée... Un parallèle entre le chemin du migrant vers un nouveau pays et celui du sculpteur vers l'art.

On retrouve des thèmes variés comme la spiritualité, l'humanité, la fraternité, l'exil, la nature, l'amour, la solidarité, l'art et la montagne.

Un texte assez puissant et très sensuel. Il y a juste un bémol : un passage vers la fin que je n'ai pas compris : celui de la femme dans la montagne, poursuivie par un homme armé. Si ceux qui l'ont lu veulent m'éclairer en commentaire ...

Extraits : "Je ne lui ai pas montré le petit bloc dans ma musette. J'aime sentir son poids, y penser constamment. Je m'y attache. C'est ce qui arrive parfois avec un livre. Je l'emporte avec moi, même dans les traversées, ne pouvant l'ouvrir que rarement à l'aller, un peu plus au retour.  C'est une fenêtre dans ma poche, pour changer l'air."

 

"Troublé par ces informations, je me cogne à une pile de livres qui s'écroulent par terre. Je suis confus, je les ramasse, je m'excuse. Il m'aide, en disant de ne pas m'inquiéter pour mes livres.

-"Ils ne sont pas fragiles, ils se laissent maltraiter. Ils résistent mieux que nous à l'usure, au gel, aux exils et aux naufrages. Leur prodige est de savoir prendre le temps de celui qui lit. On ouvre Homère et on le trouve à côté de soi. On le referme et il s'en retourne dans ses siècles.""