Cent millions d'années et un jour, de Jean-Baptiste Andrea
Comment réussir à faire d'une quête paléontologique un thriller attachant ? Pari réussi avec ce roman.
Stan est paléontologue. Passionné par les fossiles depuis son enfance, il est, à la cinquantaine, plutôt enfermé dans des bureaux poussiéreux.
Il surprend un jour une conversation entre enfants, qui discutent d'un squelette de dragon enfermé dans une grotte de glace entre France et Italie, dont le gardien de l'immeuble leur avait parlé. Déterminé à retrouver ce géant qu'il imagine être plutôt un squelette de dinosaure préservé, il entraîne à l'été 54 dans son expédition Umberto un ami de longue date qui a été un temps son apprenti, Peter, un jeune scientifique qui travaille avec Umberto et un guide de haute montagne.
Sur ce glacier perdu, ils n'ont que quelques mois pour trouver le squelette qui changera leur destinée, avant le retour de l'automne et de la neige.
Dans cette quête d'un rêve d'enfant, il y a de l'amitié, de la ténacité et du dépassement de soi. La situation en vase clos où se retrouve ces 4 hommes conduit aussi à l'introspection et les souvenirs remontent entre un père taiseux et violent et une mère pleine d'idéal.
Le tout porté par une écriture simple et poétique.
Alors on y croit avec eux, on cherche, on s'enthousiasme, on est désenchanté, on tremble, on espère.
Une très belle lecture.
Extraits :
"Allongé sur mon sac de couchage sous une bande d'étoiles. Premier jour d'une expedition qui en comptera dix ou cent, impossible à dire. Une pierre me rentre dans l'épaule. Je ne peux pas bouger, mon corps et trop las. Mes nouvelles jambes sont sagement rangées sous ma taille - je ne voudrais pas les user trop vite. Derrière l'horizon, un dragon tend son coup immense et mugit dans la nuit. Je t'attends. Mes yeux se ferment dans un parfum d'immortelles, une fragrance de mariées et de vieilles, d'éternel recommencement.
Bientôt."
"Deux jours que j'agresse la glace, le visage fouetté d'étincelles froides à chaque impact de la pioche ou du piolet. Deux jours que mon corps résonne, que mes tendons se filent, que mes os s'effritent. Mes muscles brûlent, chantent, se ramassent. S'étirent soudain et se retiennent les uns les autres pour ne pas céder, pour lever de nouveau l'outil, frapper encore. Je laisse un peu de moi à chaque coup."