Le garçon de Marcus Malte
Il n'a pas de nom, pas de famille. Quand sa mère meurt en 1908, il se retrouve seul, quelque part dans le sud de la France. Il a environ quatorze ans. A part sa mère, il n'a jamais parlé à un autre humain. Et les seuls qu'il a rencontrés c'est des braconniers et un colporteur qui s'était arrêté devant leur cabane. A moitié sauvage, il décide de partir.
Les rencontres qu'il va faire, avec quelques familles dans un hameau, avec un saltimbanque vivant dans sa roulotte ou avec une jeune femme qui va l'aimer comme une mère, une soeur ou un amante vont le construire. Il découvre l'accueil et la peur de l'étranger, l'intolérance, la religion et l'amitié. Il imite, il s'imprègne de philosophie ou d'amour.
Mais en 1914, la guerre vient tout basculer dans l'horreur.
C'est un livre puissant et émouvant. Dès le départ, le ton est donné avec ce jeune garçon qui porte sa mère mourante sur son dos. - magnifique passage. J'ai aussi aimé la rencontre avec l'Ogre des Carpathes et leurs échanges ou silences plein de philosophie. J'ai été touchée par les relations avec les camarades de tranchées et par la description de la boucherie de cette guerre. Par contre j'ai trouvé des longueurs dans la vie avec Emma même si son ouverture aux arts est enchanteur.
Une écriture poétique et puissante qui retrace l'ouverture d'un innocent à la beauté et à l'horreur de la civilisation.
Extrait : "Il a franchi la frontière de son domaine. En ces territoires inconnus où il s'aventure il peut aussi bien être le chasseur que la proie. ll avance les sens à l'affût. L'ennemi est d'autant plus effrayant qu'il en ignore la nature. Il ne sait pas de quoi il doit avoir peur.Chaque bruit, chaque silence est jaugé dans l'immédiat pour la menace qu'il recèle. Chaque mouvement esquissé dans son champ de vision. En réalité, c'est à son instinct plus qu'à son jugement que le garçon s'en remet. Qui lui dicte sa conduite, l'incite à s'arrêter, à se tapir, à attendre ou à fuir. Dans l'ombre du prochain bosquet respire peut-être la créature qui va le dévorer."