Dernier Tango Russe de Carole Sorreau
Un roman foisonnant reposant sur des faits historiques, de la Russie à l’Argentine en passant par la France de 1916 à 2010.
Elena est une jeune française, professeure, envoyée pour 6 mois pour donner des cours en Argentine en 2009. A Buenos-Aires, elle va rencontrer des descendants de Dimitri, un russe aristocrate exilé en Argentine après la guerre civile, dont la sœur habitait dans son immeuble en banlieue parisienne.
On suit tour à tour :
- la vie de Dimitri, de 1916 à 1975, obligé de quitter la Russie, qui arrive en Argentine et va y jouer un rôle politique non négligeable,
- la vie d’Ekaterina, la fiancée de Dimitri en Russie avant leur rupture. Mariée à un français, elle va elle aussi connaître l’exil. On va suivre sa famille de 1916 à 2010.
- les recherches et enquêtes d’Elena en Argentine en 2009, , où il n’est toujours pas bien vu de fouiller dans les différents mouvements politiques, que ce soit le péronisme ou les dictatures.
Un roman bien documenté et très intéressant au niveau historique. Il y a beaucoup de notes de bas de pages relatant les faits, révolutions, guerres ou donnant des précisions sur un homme d'état …
Les personnages sont attachants et on a hâte de connaître la vie des uns et des autres.
Petit bémol : Le roman est publié par un petit éditeur, la mise en forme n’est pas très agréable et j’ai été heurtée par des lourdeurs dans la construction des phrases, des erreurs de syntaxe et de concordance des temps (“Espagnols, Italiens, Français, Suisses ou Basques furent dotés de terres après que le Président Sarmiento avait mené des campagnes militaires …).
Pour ceux qui aiment les sagas et les romans historiques.
Extraits :
”- J’ai acheté un appartement dans un immeuble de 1930 à Boulogne-Billancourt et en effectuant des travaux dans ma salle de bain, j’ai mis la main sur une boite en fer cachée dans la cheminée.
- Madre mia ! Qu’est ce qu’il y avait dedans ?
- Des lettres en russe, des photos et un médaillon.
- Oh c’est tout ! s’exclama Maria déçue. Pas de lingots d’or ou de diamants ?
- Non … En menant l’enquête, j’ai découvert qu’une femme nommée Viktoria, aristocrate russe exilée, mère de deux fillettes, Ester et Hannah, avait habité dans mon appartement pendant la Seconde Guerre mondiale et qu’elles avaient disparu du jour au lendemain. Les voisins savaient, mais le silence était d’or.
Médusée, elle buvait les paroles d’Elena.
- Tu as retrouvé leurs traces ?
- Oui. Dimitri, le frère de Viktoria, a émigré en Argentine après la guerre civile russe. Ses descendants sont à Entre Rios, je les ai rencontré ici, à Buenos Aires. [...]
- Je leur ai transmis ce que j’avais de leur parente, Viktoria. Ils en avaient entendu parler sans jamais avoir vu de photos. En échange, ils m’ont confié une valise de documents, de photos, reléguée au grenier, ayant appartenu à Dimitri, afin de le connaître un peu mieux. C’est vraiment gentil de leur part.
Elena omit volontairement les détails qui lui semblaient superflus ou inimaginables. Confesser à Maria que l’un des petits-cousins, descendant de Dimitri, ressemblait à s’y méprendre à son frère, relevait de l’invraisemblable. Des sosies ou des ressemblances dans le monde, il y en avait partout et Elena en avait été l’une de ses victimes.”
“Nous avons un adage en Argentine sur la diversité culturelle en disant : « Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas et les Argentins... des bateaux ! »”
Merci à Babelio pour ce roman reçu via l’opération masse critique