Guerrière de Cécile Alix
/image%2F0404616%2F20241120%2Fob_cfaa8f_guerriere.jpg)
Soulaï et Nekeli sont jumeaux et vivent paisiblement dans un village de la brousse africaine quand des rebelles massacrent le village et les prennent avec d'autres pour être enfant soldat.
La scène de début est dure avec le massacre de tout le village, et les enfants obligés de tuer leurs propres parents en échange de la vie sauve. On suit alors la vie cachée des rebelles, les entraînements douloureux, les drogues qui endorment la peur, les jeunes filles prisent comme femmes, ceux insoumis ou trop fragiles tués. Puis les premiers combats, devoir brûler et tuer pour survivre.
Nekeli et Soulaï se soumettent aux épreuves avec l'idée de fuir un jour, quand ils seront assez forts pour survivre dans la jungle. Ils se sert les coudes accompagnés de Noumou, devenu muet depuis le rapt et Luzolo, un enfant de la ville plus instruit.
On vibre et pleure avec eux, on espère, redoute. Ils sont tous très attachants, et en même temps deviennent des tueurs. Mais peut-on leur en vouloir, eux qui ont vu leur enfance massacrée ?
Cécile Alix a un ton juste et une écriture subtile et rythmée. J'ai beaucoup aimé l'invention des mots « je grognonne dans ma tête » « leurs feuilles nous épinent les bras » « la peur ne secousse plus mon corps » qui permettent à Nekeli de raconter ses peurs, sa colère et son quotidien.
C'est une histoire captivante et bouleversante qui permet de se pencher sur le thème sombre des enfants soldats (quelques pages en fin d'ouvrage nous donnent les chiffres glaçants du nombre d'enfants soldats de nos jours). Le livre pose des questions profondes sur la nature humaine, le courage, la détermination, et la liberté.
A partir de 13 ans
Extraits :
« Le sergent les a conditionnés pour tirer, trouer, trancher, piller, brûler, ils s'amusent avec leurs kalachs, ils jouent à la guerre. Pour eux, assassiner est aussi naturel que boire de l'eau et quand il faut partir, après le raid, on dirait qu'ils n'en n'ont pas eu assez. Ils sont déjà en manque de tuer. Même lorsque les effets du lait magique se sont dissipés, ils se sentent invincibles et n'ont plus peur de mourir. Ils éprouvent autant de mépris pour la mort que pour la vie. »
« Ceux qui tuent et ceux qui meurent. Tous les mêmes : des victimes impuissantes de ces fous furieux qui ne portent ni le peuple ni la patrie en eux. Parce qu'ils n'ont pas de cœur. »
« Voilà.
Voilà la guerre.
Les adultes décident, bataillent, torturent, larguent des bombes. Les enfants meurent. »