La fileuse de verre de Tracy Chevalier
Orsola Rosso est née à Murano dans une famille de verriers en 1477. Par une subtile distorsion du temps, nous allons nous attacher à elle de ses neuf ans jusqu’à nos jours et ses soixante-dix ans.
La famille Rosso va ainsi sillonner l’âge d’or de Venise, puis la peste, le siècle des lumières, les guerres mondiales, la concurrence chinoise et l’arrivée massive des touristes.
Et à travers tous ces pans de l’Histoire, on va suivre l’art de la verrerie qui doit s’adapter à tous ces changements. Orsola va apprendre à créer des perles par une technique particulière à la lampe, puis des bibelots pour les touristes. Il va falloir accepter de passer d’un atelier d’artiste à une manufacture, renoncer à la qualité pour la quantité ce qui permettra à la famille de vivre.
Il est très intéressant de suivre tous ces changements, mais aussi de voir les différents caractères dans cette famille unie où les forts caractères s’affrontent. Les amours, les amitiés… Passionnant aussi de suivre la vie à Murano où, au XVè siècle, allez à Venise était toute une aventure et où aller sur la terre ferme reste, au début du XXè siècle, une aventure.
Une très belle fresque toujours aussi bien écrite qui m’a emportée.
Extraits :
“Orsola avait demandé un jour où partaient ses perles, et il lui avait énuméré une quantité de villes. Pour certaines, elle aurait pu deviner: Amsterdam, Paris, Londres. D'autres étaient plus exotiques: Damas, Alep, Constantinople. Et il y en avait dont elle n'avait jamais entendu parler: Bakou, Boston, Lima. Elle n'était jamais allée ne serait-ce que sur la " terraferma", et ses perles étaient allées au bout du monde.”
“Les Vénitiens déploraient que leur ville soit en train de devenir un parc à thème, mais Orsola savait que tant que les canaux de Venise sentiraient les égouts, que ses logements seraient sombres et humides, ses habitants mélancoliques et sardoniques, la ville conserverait son authenticité et son pouvoir de séduction. Une perle a besoin d'un grain de sable pour être belle ; la beauté vient de la cicatrice sur la lèvre, de l'espace entre les dents, du sourcil de travers.”