Vivre tout bas, de Jeanne Benameur
/image%2F0404616%2F20250126%2Fob_8d4f20_vivre-tout-bas.jpg)
Dans un village de pêcheurs, Marie, la mère de Jésus, réapprend à vivre après la mort de son fils.
Elle vit dans une petite maison isolée en dehors du village et est soutenue par Jean à qui son fils l’a confiée, et les villageois.
Dans ses pensées, elle revient sur son enfance, ce maître qui lui a appris à lire et à écrire malgré l’interdiction d’éduquer une fille, cette obéissance qui a changé son destin, ce fils un peu distant qu’elle a aimé avec dévouement, cette vie effacée derrière lui.
Elle a aussi la vision de tous les malheurs du monde, présents et à venir, et arrive à apaiser des souffrances à distance. Un monde qu’elle va retranscrire sur un rouleau de papier. Poser les malheurs pour laisser sa trace et exister.
L’absent, ce fils mort dans des conditions atroces, est omniprésent et régit la vie de Jean et Marie jusqu’à ce qu’un jour, cette dernière rencontre dans le village une petite fille muette et orpheline élevée par sa grand-mère.
Entre Marie et cette petite fille va se nouer une relation qui repose sur leur blessure et leur deuil. Une relation qui va leur permettre de se relever et libérer Jean pour qu’il puisse vivre sa vie.
C’est un petit roman qu’il faut prendre le temps de savourer. L’écriture est magnifique, tout en calme, en douceur. Il y a une plénitude, une harmonie, des silences lumineux, une poésie dans l’écriture.
Tout est dans la perception, la sensibilité.
C’est exigeant, délicat, puissant et beau.
Extrait : “Elle n’est pas juste celle qui a tenu contre sa poitrine l’enfant annoncé, comme on la représentera. Non, elle n’est pas uniquement préoccupée de ce fils qui jamais n’a été vraiment sien. Elle est celle qui sent le monde à travers ce corps qui a porté l’enfant comme aucune autre femme ne peut le faire.”
“Elle écrit des respirations qui se cherchent et enflent dans les poitrine. Elle écrit des pas qui se posent malgré la fatigue, les cailloux, la faim et la soif des corps. Des pas qui avancent.
Elle est cette femme que la vie des autres traverse.”