Souviens-toi des abeilles, de Zineb Mekouar
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J'ai acheté ce livre après avoir écouté l'autrice lors d'une rencontre à un salon du livre. Elle était passionnante, et bien m'en a pris puisque j'ai eu un coup de cœur pour ce roman.
Nous sommes dans un petit village sur les contreforts du Haut Atlas, au Maroc. La terre est aride, l'eau de moins en moins présente, la vie difficile, mais il y a un trésor dans ce village : le plus ancien rucher collectif au monde (voir la photo du bandeau).
Jeddi est apiculteur, comme l'était son père et son grand-père avant lui. Son fils Omar est parti vivre à Agadir pour essayer de gagner un peu d'argent, et Jeddi s'occupe de son petit-fils de 10 ans, Anir, et de sa belle-fille qui est devenue déséquilibrée à la suite d'un drame.
Au fil des pages, on va découvrir l'amour qui lie Anir à sa mère absente et à son grand-père, l'amour de la région et des abeilles avec toutes les légendes qui les entourent, mais aussi le secret de famille qui a rendu la mère d'Anir malade.
L'écriture est superbe, pleine de tendresse, de douceur et en même temps elle nous montre l'âpreté de cette terre aride et de ses habitants qui voient en la mère une possédée.
J’ai mis plein de post-it sur des passages que j’avais envie de relire. C’est un roman prenant, émouvant (et ce n’était pas gagné parce que je suis un peu phobique des abeilles !).
Une autrice que je vais suivre.
Extraits : “Lorsque le grand-père et l’enfant se penchent délicatement sur les ruches traditionnelles, cylindres en roseaux tressés, les enveloppent de fumée puis les ouvrent pour inspecter les colonies d’abeilles, tous ceux qui ont un jour été là refont ce geste à travers eux, en même temps qu’eux ; et ce grand-père et cet enfant deviennent tous les pères et tous les fils de ce monde qui échappe, pour un instant et à chaque fois, au temps.”
“Il sait que le garçon n’est pas là, qu’il est à l’école dans la vallée, mais le vieux récite quand-même ce qu’Anir a déjà appris. Il faut répéter pour que les enfants comprennent, répéter pour ne pas oublier ces vies qui se sont succédé. Répéter car le temps efface tout. Jeddi prend un peu de terre dans sa main. Entre ses doigts, elle s’effrite - poussière jaune.”
“Très tôt le matin, on dirait que la terre s’est frotté les yeux, des gouttes d’eau se retrouvent sur les feuilles. Anir se baisse, montre les gouttelettes et cela fait rire Aïcha. L’enfant ne l’aide à sortir, en cachette, quand tous les habitants dorment encore, que pour l’entendre rire. C’est un murmure puis une longue cascade, et le garçon rit aussi.”