La poule et son cumin, de Zineb Mekouar
Dans ce roman, on va suivre en parallèle la vie de deux jeunes filles marocaines :
- Kenza qui est issue d'une famille de la haute société marocaine, descendante de Mahomet. Elle va faire des études dans un lycée français, partir à Paris à sciences Po, et souhaite vivre en France et y faire sa vie.
- Fatiha, est la fille de la bonne. Elle va à l'école marocaine du coin, est plutôt douée et veut faire des études de médecine mais ne pourra pas y accéder. Elle devient infirmière.
Les deux jeunes filles ont été élevées ensemble, se considèrent comme des sœurs. Mais leur destin va être différent dû à leurs conditions sociales opposées.
Ce qui les unit ou les faits diverger, c'est aussi le poids de la société marocaine, le poids des traditions, surtout pour des femmes. On est dans les années 2011, et même si la femme a beaucoup plus de liberté, peut faire des études, ne porte pas le voile, elle est quand même sous le joug d'un père ou d’un mari.
Je n'ai pas retrouvé dans ce livre l'écriture si pure et ensorcelante que j'avais décelée dans le premier roman que j'ai lu de cette autrice “ Souviens-toi des abeilles». Pour autant, on retrouve, mais de façon sans doute un peu plus frontale, beaucoup d'humanité dans les personnages.
Ce titre était son premier roman, et il est effectivement plein de promesses.
Extrait : "Je vais retourner au Maroc et tout se mélange, la chaleur de mon enfance, mon arrivée ici, les personnes nées en France, mais qui ne rêvent que de la quitter, les amoureux de cette culture qui sont obligés de s'en aller, la diabolisation de l'islam, les nouveaux convertis qui m'angoissent, Rayan qui pense faire peur au monde et qui a raison, cette double culture qui n'entre dans aucune de leurs cases. La France manque de voyages, par la route ou par les mots. Et le Maroc. Ce Maroc que j'aime tant, où il reste tant à faire. J'ai peur d'y retourner, d'y vivre. Je veux qu'on me laisse penser comme je veux. Croire si je veux. Sans me cacher pour manger, boire, faire l'amour. Sans subir un cadre dépassé. Le monde est si grand, les pays si nombreux, mais je ne me sens chez moi qu'à travers les lettres que je t'écris. Ce sont ces pages, ma vraie patrie."