Tombée des nues, de Violaine Bérot
J'avais eu un gros coup de cœur pour son premier livre Comme des bêtes, et quand une amie nous a indiqué celui-ci, je me suis précipitée. Bien m'en a pris !
C'est un peu la même construction que Comme des bêtes : il s'est passé un événement (que je vous tairais - ne lisez pas la 4e de couverture) dans un village de montagne un peu reculé, et tous les protagonistes vont prendre la parole tour à tour pour donner leur ressenti sur cet événement.
Le livre peut être lu de deux façons : soit avec un ordre chronologique sur quatre jours, soit en suivant des numéros indiqués à chaque paragraphe et qui permettent de suivre les pensées d'une même personne sur quatre jours avant de passer à une autre.
C'est cette dernière manière que j'ai décidé de suivre.
J'ai rapidement compris de quoi il s'agissait, et j'ai été happée par tous ces gens qui, de manière différente, vont vivre l'événement.
L'écriture suit les considérations de chacun, sans point. Juste une suite de phrases entrecoupées de virgules, comme une respiration qui nous laisse haletante.
C'est plein d'émotions, de solidarité, d'humanité.
À nouveau un très beau livre.
Extrait : “ mais bon, il avait besoin de moi, j'ai pas hésité, j'ai sauté dans le pantalon, les bottes, c'est des gens bien, et comme voisin il y a plus que moi, les vieux ils sont au cimetière ou à la maison de retraite, y a bien quelques nouveaux un peu plus bas, mais c'est pour vous dire pas loin il y a plus personne, le coin s'est vidé quoi, enfin cette nuit-là il m'a trouvé et encore heureux, on s'entend bien, on voit le travail un peu pareil, c'est pas des gens d'ici mais c'est des vaillants quand même, et elle comme lui, on se donne des coups de main, notre métier c'est pas si tranquille qu'on croit, c'est pas les petites fleurs et les petits oiseaux, non, faut pas croire, et puis c'est tous les jours, et y a des choses qu'on a plus facile à faire à plusieurs, surtout ici dans la montagne, parce qu'il faut pas comparer avec la plaine, c'est pas le même boulot mais alors pas du tout, ici on est resté à travailler comme autrefois, c'est pas très différent de mon père ou de mon grand-père, enfin quand même on a un autre confort, mais bon ça reste la montagne quoi, faut se la gagner, et pour revenir à cette nuit-là cette putain de congère elle était en train de monter exactement comme je me l'étais pensé, avec le 4x4, ça passait encore, deux ou trois heures plus tard je dis pas, sans doute ça aurait été juste, mais là ça passait, je me suis garé devant chez eux, je sais pas, dix minutes après peut-être, oh pas plus, j'avais fait vite”