Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog des fanas de livres
le blog des fanas de livres
  • Je lis pour m'évader, avancer, ressentir des émotions et des sensations, rire, vibrer, pleurer, comprendre, m'ouvrir à de nouvelles cultures, rêver, trembler... et j'ai bien envie de le partager avec vous.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité
Archives
Publicité
24 février 2007

Terre des Oublis, de Duong Thu Huong

terre_des_oublis parution 07/2006 - 800 p

   

Ce roman traduit du vietnamien nous fait plonger dans l’après-guerre de ce pays.

Miên c’est mariée avec Bôn juste avant la guerre. Elle n'a vécu avec lui que quelques nuits, a appris sa mort peu de temps après, et à refait sa vie avec Hoan. Ils ont un fils et vivent heureux. Hoan est l’homme le plus riche du hameau. Il est respecté, doux, plein d’amour pour Miên.

Mais un jour, après 15 ans d’absence, Bôn revient. Il n’est plus que l’ombre de lui-même mais est fêté comme un héros de la guerre. Selon les convenances et les traditions, Miên doit laisser son couple et son fils pour repartir vivre avec lui.

Duong Thu Huong nous décrit cette situation intenable. Elle explore les sentiments de ces trois personnages si dissemblables et qu’un même amour unit.

D’abord Bôn, qui n’a tenu pendant 15 ans que par l’idée de retrouver Miên. Il est persuadé qu’il pourra retrouver son amour, est plein d’attention pour elle mais de manière primaire. Il est touchant et énervant à la fois.

Miên est très dure avec Bôn et avec elle-même. Elle qui était avenante, souriante et ouverte se retrouve glaciale. Elle ne parle pas, exècre tout contact mais n’a pas la force de refuser cette situation.

Hoan quand à lui accepte dans la souffrance de voir partir sa femme. Il ne fait rien pour la retenir.

Il y a dans ce livre une ambiance orientale, des odeurs, une culture ancestrale, une souffrance et une dignité qui étourdissent. On est si loin de notre société occidentale. Tous nos repères sont chamboulés. On a de la pitié pour cet homme qui cherche désespérément à retrouver l’amour de sa vie et en même temps on est fortement irrité par sa venue. Le silence et l’acceptation de la femme nous crispent, d’autant plus que ce consentement n’est qu’un leurre, puisque tout son corps refuse cette nouvelle vie.

En conclusion, je dirai que j’ai aimé l’ambiance du livre, cette écriture sublime qui nous fait voyager, mais j’ai trouvé le rythme trop lent, avec un manque de vie qui m’a un peu déçue.

   

Extrait :

" Miên plie soigneusement les chemises une à une, les empile, les porte vers la commode :

"Ici, je rangerai aussi les habits que je porte actuellement. Je n'emporterai que quelques vieux costumes.

- Non, il faut nous laisser les plus vieux. Prends les meilleurs."

Miên se retourne, regarde Hoan, et lentement :

"Tout ce qui porte ton odeur et celle de notre enfant appartient à la vie commune qui s'est déroulé sous ce toit. Je dois les laisser à leur propriétaire.

- Non, c'est toi la véritable propriétaire de cette demeure. Tu le sais très bien.

- Oui, autrefois... Mais c'était autrefois. Je vais bientôt appartenir à une autre maison. Nous devons accepter cette réalité."

Hoan se tait. Il prend lentement conscience de ce que sa femme vient d'exprimer. Il se sent accablé, abandonné comme une hutte ouverte, balayée par les vents.

C'est donc cela, la séparation... La séparation. Je n'arrivais pas à l'imaginer. Chacun vivra dans son coin. La maison deviendra une tombe où s'enterrent les souvenirs.

Il allume une cigarette, espérant que la fumée chassera la sensation de froid qui l'envahit. Avec la tristesse, le goût du tabac a changé, il est devenu âcre, râpeux. L'homme jette la cigarette à peine entamée dans le jardin. Voyant Miên se débattre avec les vêtements, il élève la voix :

"Miên... Tu ne trouveras rien dans ce tas de vêtements. Ils portent tous l'odeur de notre bonheur. Le mieux serait que demain tu apportes aux tailleurs la soie que je viens d'acheter. En leur payant deux ou trois fois le prix, ils accepteront de les coudre à temps.

- Les couleurs de ces coupons de soie sont toutes belles. Cela ne va pas avec l'endroit ou je vais vivre.

- Miên , pourquoi inventes-tu des prétextes  pour te maltraiter?

- Laisse-moi, laisse-moi.""

   

Vous pouvez voir aussi les critiques de Florinette et Sylvie, qui ont beaucoup aimé.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Ce livre fait partie de ma LAL. Il a l'air d'être très beau mais il est vrai que sur plusieurs critiques, on lui reproche son manque de rythme. Je le tenterai quand même.
Répondre
B
Le dernier roman de la vietnamienne Duong Thu Huong : Terre des oublis, avait été repéré dans la sélection "étranger" du prix Femina (voir aussi Wikipédia).<br /> Ce gros pavé (qui se lit facilement, l'écriture sait rester simple) nous a emporté loin là-bas grâce à la puissance de ses évocations : bruits, odeurs, couleurs, saveurs, ... on découvre tous les détails pittoresques de la vie quotidienne des villages de ce Viêt Nam de l'immédiat après-guerre. Comme dans la plupart des romans asiatiques on y parle beaucoup de nourritures et porté par toutes ces images savoureuses, on dévore le bouquin comme un polar.<br /> L'histoire est celle d'amours tragiques (vers la fin du livre, les réunions du village formeront même une sorte de choeur antique) : un soldat rentre au bercail longtemps après avoir été donné pour mort. Sa femme (mais ils ne restèrent mariés que quelques mois juste avant la mobilisation) a depuis refait sa vie et file le parfait amour avec un autre homme.<br /> La morale (qui est aussi sa morale) lui commandera de retourner vivre avec ce premier mari qu'elle avait oublié.<br /> Les destinées de ces trois personnages (que l'on découvre tour à tour, dans toute leur complexité, grâce à d'amples flashbacks) basculent alors dans un enfer impossible dont on a hâte de découvrir l'issue, car comme le répète plusieurs fois le sergent : "dans la guerre, c'est le plus endurant, le plus obstiné qui gagne, dans la vie il en va de même car la vie est un combat." ...<br /> [...] On dit que les femmes des régions de pêche sont particulièrement sensuelles parce qu'elles mangent plus de poisson que de riz.<br /> [...] En temps de guerre, le mariage ressemblait à l'accomplissement d'un devoir ou à un cadeau que les villageois offraient aux jeunes gens avant leur départ à la guerre.<br /> [...] Sa femme devient plus tendre que jamais, non pas de la tendresse d'une femme paisiblement installée dans son bonheur, mais de la tendresse désespérée, démente de celle qui sera bientôt chassée du paradis et qui le sait.<br /> [...] Quand on quitte la vie ce sont les membres qui refroidissent d'abord. Après viennent le ventre, la poitrine et la tête. Chez les hommes aimants, le coeur refroidit en dernier. Chez les hommes intelligents, la tête conserve les dernières chaleurs.<br /> Enfin, je ne peux résister à l'envie de citer l'un des nombreux proverbes qui émaillent le récit (à prendre au second degré, mesdames) : Ah ces femmes ! Incapables de pisser plus haut que l'herbe, de penser plus loin que leurs cheveux (mais chacun sait que les vietnamiennes ont les cheveux très longs).
Répondre
G
C'est vrai Florinette que c'est un beau roman qui marque. Ce n'est pas celui qui sera vite lu et vite oublié... mais je maintiens que, pour l'apprécier, il faut avoir le temps de le lire...
Répondre
F
C'est vrai qu'il y a quelques longueurs, mais on les oublie vite, c'est un très beau roman à lire !
Répondre
S
j'étais tentée de le lire mais j'hésite maintenant...
Répondre
G
Tu ne t'ennuies pas, mais il faut prendre le temps. C'est une lecture plutôt lente. Je ne sais pas lire plusieurs livres en même temps, mais c'est peut-être ce qu'il faut faire avec ce livre ???<br /> Effectivement au contraire des vacances à la montagne !!!
Répondre
P
Dèjà dans ma LAL....mais maintenant j'ai un doute, je n'aime pas trop m'ennuyer quand je lis...
Répondre
A
Une ambiance orientale dans nos montagnes, un rythme lent après une journée tout schuss...tout en contrastes ces vacances!
Répondre
G
Oui, le rythme est assez lent et il faut vraiment prendre son temps pour le lire et l'apprécier.
Répondre
C
Dans les médias tout le monde était élogieux mais j'appréhendais effectivement ce rythme lent...
Répondre
Publicité