Une gourmandise, de Muriel Barbery
Après avoir lu et beaucoup apprécié "l'élégance du hérisson", j'avais envie de goûter un autre livre de cette auteur. Voilà comment "une gourmandise" est arrivé entre mes mains...
... et le livre porte bien son nom. Les descriptions des plats et des matières premières sont, hummmm, délectables. On en a l'eau à la bouche. On entend le chuintement du beurre , la croûte du pain craquer, on voit la tarte avec ses fruits dorés, le velouté d'une mayonnaise, on sent l'odeur de miel d'un tilleul l'été .... Mais revenons à l'histoire :
On vient d'apprendre au plus grand critique culinaire du monde qu'il n'a plus que 48 h à vivre. Son coeur lâche. Il ne lui reste que ce petit laps de temps pour retrouver dans sa mémoire le souvenir d'une saveur, celle qu'il place au dessus de tout. Il va donc nous livrer certains souvenirs culinaires qui lui reviennent, en espérant que le souvenir ultime sera le bon.
Les chapitres ou il parle sont entrecoupés par la vision des autres sur lui : sa femme, son fils, son chien, un clochard, la gardienne (la fameuse de la rue de Grenelle, celle de l'élégance du hérisson), sa maîtresse. Ils nous en font un tableau détestable : homme imbu de lui même qui écrase les autres, que sa passion rend lointain et hautain. Il nous est extrêmement antipathique, et pourtant, quand il nous parle de certaines saveurs, on se sent fondre....
J'ai passé un bon moment avec ce petit livre qui a reçu en 2000 le "Prix du Meilleur Livre de Littérature gourmande"
Extrait (sur la tomate que j'aime tant).
"La tomate, pourtant, je la connaissais depuis toujours, depuis le jardin de tante Marthe, depuis l'été qui gorge la petite excroissance chétive d'un soleil de plus en plus ardent, depuis la déchirure qu'y faisaient mes dents pour asperger ma langue d'un jus généreux, tiède et riche que la fraîcheur des réfrigérateurs, l'affront des vinaigres et la fausse noblesse de l'huile masquent en sa générosité essentielle. Sucre, eau, fruit, pulpe, liquide ou solide? La tomate crue, dévorée dans le jardin sitôt récoltée, c'est la corne d'abondance des sensations simples, une cascade qui essaime dans la bouche et en réunit tous les plaisirs. La résistance de la peau tendue, juste assez, le fondant des tissus, de cette liqueur pépineuse qui s'écoule au coin des lèvres et qu'on essuie sans crainte d'en tâcher ses doigts, cette petite boule charnue qui déverse en nous des torrents de nature : voilà la tomate, voilà l'aventure."
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