Le rapport de Brodeck, de Claudel Philippe
Et bien je ne sais pas faire ce commentaire !!! parce que j'ai aimé, et en même temps je n'ai pas aimé !!! Ça ne va pas vous avancer ☺...
J'ai aimé : l'écriture fluide et riche, la tension et le mystère qui vous donne envie de ne pas lâcher le livre, la fragilité des personnages si bien décrite.
Je n'ai pas aimé : le côté fouillis du rapport. On s'y perd trop, même si c'est voulu : "j'ai relu tantôt mon récit depuis le début. Je ne parle pas du Rapport officiel, je parle de toute cette confession. Cela manque d'ordre. Je pars dans tous les sens. Mais je n'ai pas à me justifier. Les mots viennent de mon cerveau comme la limaille de fer sur l'aimant, et je les verse sur la page, sans plus me soucier de quoi que ce soit. Si mon récit ressemble à un corps monstrueux, c'est parce qu'il est à l'image de ma vie, que je n'ai pu contenir et qui va à vau-l'eau."
Le livre se passe dans un pays non cité proche d'une frontière ou une guerre à eu lieu (l'Est de la France, l'Autriche ? pendant la seconde guerre mondiale ?). Brodeck, "l'étranger", a été déporté dans un camps pendant près de deux ans. Quand il revient, le village qui a vécu en bonne entente avec l'occupant, cache un secret. A la suite d'un épisode particulièrement sordide, le village oblige Brodeck à écrire un rapport. Celui-ci va le faire à sa manière, en ressortant tous les non-dit de ces dernières années.
Donc voilà, j'attends votre avis car je n'arrive pas à me faire le mien. Peut-être que dans quelques semaines, quand je verrais ce qu'il m'en restera ...
Pour Bellesahi, ça a été un coup de coeur.
Extrait : " Je suis certain que vous seriez comme nous si vous aviez connu la guerre, ce qu'elle a fait ici, et surtout ce qui a suivi la guerre, ces semaines et ces quelques mois, notamment les derniers, durant lesquels cet homme est arrivé dans notre village, comme ça, d'un coup. Pourquoi avoir choisi notre village? Il y en a tellement des villages sur les contreforts de la montagne, posés entre les forêts comme des oeufs dans des nids, et beaucoup qui ressemblent au nôtre. Pourquoi avoir choisi justement le nôtre, qui est loin de tout, qui est perdu?
Tout ce que je raconte, le moment où ils ont dit qu'ils voulaient que ce soit moi, ça s'est passé à l'auberge Schloss, il y a environ trois mois. Juste après... juste après le... je ne sais pas comment dire, disons l'évènement, ou le drame, ou l'incident. A moins que je dise l'Ereigniës. Ereigniës, c'est un mot curieux, plein de brumes, fantomatique, et qui signifie à peu près "la chose qui s'est passée". C'est peut-être mieux de dire cela avec un terme pris dans le dialecte, qui est une langue sans en être une, mais qui épouse si parfaitement les peaux, les souffles et les âmes de ceux qui habitent ici. L'Ereigniës, pour qualifier l'inqualifiable. Oui, je dirai l'Ereigniës"