Ida, de Nemirovsky Irène
première édition 1934 dans les "films parlés" , 65 p
Quelle délectation que cette nouvelle. En plus, 2 euros, ça serait dommage de s'en passer (il y a deux nouvelles dans le livre).
Ida est une meneuse de la vie parisienne vieillissante. Elle ne veut pas raccrocher. "Elle a tout sacrifié, perdu son bonheur et son âme" au dieu "gloire". Elle a besoin des applaudissements, des paillettes, des hommes fous d'amour. Mais le temps est impitoyable et des jeunettes de 20 ans vont lui prendre sa vie.
On retrouve l'écriture acerbe d'Irène Nemirovsky dans cette nouvelle cruelle et lucide. On a de la pitié pour cette femme qui ne conçoit pas la vie sans gloire mais qui n'est pas heureuse.
Irène Nemirovsky est en train de devenir un de mes auteurs fétiches...
Extrait : "- Je n'ai donc jamais aimé, songe-t-elle une fois de plus. Non. Décidément, non. Que me fait l'amour?... Ce qu'il me faut, ce que je goûte, ce qui me plaît, c'est l'amour d'une foule, l'ombre, le désir, ce rauque balbutiement qui monte dans la salle, lorsque j'apparais, cette convoitise anonyme... Comme j'aime cela... Le perdre ?... Non, j'aimerais mieux mourir... Mais pour le garder, il faut rester belle, fraîche, jeune...Il ne faut plus penser ni se souvenir, ne rien espérer, ne rien regretter, ne rien craindre...
Elle ferme les yeux et, de toutes ses forces, retient la palpitation nerveuse des muscles de l'oeil. Elle répète dix fois, quinze fois, cent fois, comme une formule magique : - Je suis calme. Je suis jeune. Je suis belle. Je veux dormir. Je dors."