No et moi, de Delphine de Vigan
Mon livre est plein de petits stickers pour noter des passages qui m'ont marqués, preuve que ce livre m'a touché.
J'ai lu pas mal de critiques, notamment lors du vote du prix Goncourt lycéen, disant que c'était un livre "trop facile". Je ne trouve pas, je le trouve très bien vu et très bien décrit dans le passage parfois difficile de l'adolescence.
Lou a 13 ans, elle est précoce et se retrouve un peu perdue en seconde. Mal à l'aise, mal dans sa peau, pas d'amis, une mère dépressive. Elle va rencontrer Nolwen, 18 ans, SDF, perdue elle aussi mais pour d'autres raisons. Leur solitude et leur mal être vont leur permettre de nouer une amitié entière et sans concession. Lou va découvrir la réalité de la vie, les combats, le renoncement, la valeur de l'amitié, l'amour d'une mère.
J 'ai bien aimé ce livre car j'y ai retrouvé toutes les questions, les errements et les doutes de l'adolescence, et même si parfois des passages sont trop "rapides", j'ai ri (ah, savoir dans quel sens on tourne la langue lors d'un premier baiser !!!) et eu la gorge nouée plus d'une fois.
A lire
Extraits : " Je croyais que l'on pouvait enrayer le cours des choses, échapper au programme. Je croyais que la vie pouvait être autrement. Je croyais qu'aider quelqu'un _ça voulait dire tout partager, même ce qu'on ne peut pas comprendre, même le plus sombre. La vérité c'est que je ne suis qu'une madame-je-sais-tout (c'est mon père qui le dit quand il est en colère), un ordinateur en plastique minable qu'on fabrique pour les enfants avec des jeux, des devinettes, des parcours fléchés et une voix débile qui donne la bonne réponse. La vérité c'est que je n'arrive pas à faire mes lacets et que je suis équipée de fonctionnalités merdiques qui ne servent à rien. La vérité c'est que les choses sont ce qu'elles sont. La réalité reprend toujours le dessus et l'illusion s'éloigne sans qu'on s'en rende compte. La réalité à toujours le dernier mot. C'est monsieur Marin qui a raison, il ne faut pas rêver. Il ne faut pas espérer changer le monde car le monde est bien plus fort que nous".
"On est capable d'ériger des gratte-ciel de six cent mètres de haut, de construire des hôtels sous-marins et des îles artificielles en forme de palmiers, on est capable d'inventer des matériaux de construction "intelligents" qui absorbent les polluants atmosphériques organiques et inorganiques, on est capable de créer des aspirateurs autonomes et des lampes qui s'allument toutes seules quand on rentre chez soi. On est capable de laisser des gens vivre au bord du périphérique."
"Je voudrais seulement être comme les autres, j'envie leur aisance, leurs rires, leurs histoires, je suis sûre qu'ils possèdent quelque chose que je n'ai pas, j'ai longtemps cherché dans le dictionnaire un mot qui dirait la facilité, l'insouciance, la confiance et tout, un mot que je collerais dans mon cahier, en lettres capitales, comme une incantation." »
"... je croyais que la violence était dans les cris, les coups, la guerre et le sang. Maintenant, je sais que la violence est aussi dans le silence, qu'elle est parfois invisible à l'oeil nu. La violence est ce temps qui recouvre les blessures, l'enchaînement irréductible des jours, cet impossible retour en arrière. La violence est ce qui nous échappe, elle se tait, ne se montre pas, la violence est ce qui ne trouve pas d'explication, ce qui à jamais restera opaque."
Vous pouvez allez voir la critique de Bernard qui a été convaincu, un coup de coeur de Clarabel, et Hélène un tantinet moins enthousiaste.