Numéro Six, de Olmi Véronique
Je suis tombée sur ce livre par hasard. Une heure à "tuer" entre deux accompagnements, et j'ai oublié de prendre mon livre ! horreur ! Je me précipite dans la première bibliothèque du quartier à la recherche d'un "petit" livre prenant. Auteur fétiche, je recherche à Jeanne Bennameur... rien.. alors Véronique Olmi... oui, il y en a un qui me tend les bras....Je m'installe pour une heure de lecture... et j'ai été un peu en retard pour aller chercher les enfants ! J'ai été véritablement happée par ce livre.
Fanny a 50 ans. Petite dernière d'une fratrie de 6 enfants, elle s'adresse à son père,centenaire, dont elle s'occupe.
Elle revient sur son enfance. Enfant non désirée arrivant 10 ans après le dernier, elle a été acceptée plus qu'autre chose. Ses parents avaient déjà vécu avec les 5 autres l'émerveillement des premiers mots, les sourires des premières bêtises, et ne faisaient pas attention à elle : "ma jeunesse n'est une surprise pour personne. Mon enfance est périmée."
Elle admire son père, médecin, et essaye par tous les moyens d'attirer son attention, jusqu'à provoquer une maladie fictive qui l'a clouera 1 an dans son lit. Petit à petit, ses frères et soeurs quittent la maison, et "je suis devenue la fille unique d'une famille nombreuse". Ses parents deviennent grands-parents et s'occupent plus de leurs petits enfants que d'elle.
Sans aucune rancoeur, juste avec des faits, elle constate l'échec des relations familiales... mais elle n'arrive pas à se défaire de l'amour inconditionnel qu'elle voue à son père, jusqu'à trouver une maison de retraite à côté de chez elle pour s'en occuper, malgré les pertes de mémoire qui lui font oublier qu'elle est sa fille : "je serais arrivée trop tard dans ta vie, mais j'y serai jusqu'au bout"
Un livre qui m'a émue au larme, plein d'amour et d'incompréhension. Superbe
Extrait : " Toi, tu es entré tout doucement dans la vieillesse, comme dans une nouvelle peau. Ça a été une mue lente, insidieuse. De temps à autre, la liaison interrompue entre ton cerveau et ton corps, des ratés dans la transmission, dans la circulation de ton sang, mal oxygéné... Au début, tu te battais. Tu allais à contre courant de ces trahisons. Tu avalais des médicaments de plus en plus nombreux, des cachets de toutes les couleurs qui rythmaient tes journées. Le jour ou maman est morte, tu as baissé le rideau. Tu as éteint ta vie. Oui, tu as beau te demander où elle est, me faire répéter, depuis qu'elle est partie tu as lâché prise. C'est à elle que tu tenais, pas à la vie. Moi, quand elle est morte, j'ai pensé que c'était mon tour. J'allais te redonner le goût de vivre, nous allions avoir notre temps. J'étais prête pour le début de notre histoire.
Tu n'étais déjà plus là."