Le club des incorrigibles optimistes, de Guenassia Jean-Michel
A la suite de ma rencontre avec l'auteur lors de la soirée des prix Goncourt, j'avais très envie de me plonger dans ce livre. C'est chose faite.
Plaisir de lire une fresque qui vous emporte, plaisir d'avoir hâte de retrouver son livre, plaisir de voir que des lycéens ne sont pas rebutés, à la fois par les 700 pages, mais aussi par l'histoire des années 60, de la guerre d'Algérie et de la vie des réfugiés politique de l'Est.
Une fresque donc, qui commence à Paris en octobre 59. Michel, jeune français, vient de rentrer en sixième à Henri IV. Boulimique de lectures, il est nul en math et sèche pas mal de cours pour allez jouer au baby foot avec un copain. C'est dans l'arrière salle d'un bistrot qu'il va découvrir un club d'échec particulier : les membres sont tous des réfugiés politiques de Russie, de Pologne ou de Grèce... Ils survivent grâce à des petits boulots, taxis pour l'ancien médecin et l'ancien pilote; professeur de grec, photographe... Ils ont fui en laissant leurs familles, leurs amis.... et ce sont d'incorrigible optimistes qui profitent de chaque minute de la vie, de chaque jour comme un cadeau, eux qui ont failli mourir.
On va suivre Michel d'octobre 1959 à juillet 1964. Cinq années ou il va apprendre l'amitié, l'amour, la trahison, l'indépendance. Cinq années avec sa famille, son oncle pied noir qui revient d'Algérie, son frère qui s'engage; et cinq années avec ces réfugiés qui n'ont plus rien à perdre.
J'ai aimé l'histoire, j'ai aimé l'amour des livres, j'ai aimé le style fluide (mais j'ai mis quand même près de 15 jours à le lire), j'ai aimé l'humour et les sentiments soulignés entre les lignes. Un beau livre.
Lors de sa venue pour le Goncourt, Jean Michel Guenassia nous avait dit qu'il avait mais 15 ans à écrire ce livre, et que si il retrouvait le même plaisir d'écrire, ce livre sur la trahison serait suivi d'un livre sur les utopies. Espérons juste qu'il ne mettra pas 15 ans à l'écrire...
Extrait : "Je ne connaissais ni le titre ni l'auteur de ce roman. Je l'ai feuilleté et me suis arrêté au hasard sur un paragraphe. J'ai lu trois fois dix lignes à cinquante pages d'intervalle. Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C'est l'alchimie invisible des signes tracés sur une feuille qui s'impriment dans notre cerveau. Un livre, c'est un être vivant. Les gens, rien qu'à les voir, vous savez à l'avance si vous serez leur ami."