Entre ciel et terre, de Stefansson Jon Kalman
parution 02/2010, 237p., traduit de l'Islandais par Eric Boury
Un beau livre bien froid que j'ai lu sous le soleil breton.
Deux hommes marchent sur les sentiers gelés islandais. Ils vont rejoindre les baraquements de pécheurs à la morue, et sans doute partir au milieu de la nuit sur une barque à six places. Barour et son ami ne sont pourtant pas des pécheurs dans l'âme. Ce sont plutôt des poètes, des littéraires. Ils ont d'ailleurs trouver du travail pour le printemps dans une boutique, pour éviter cette pêche glaçante et éreintante. Un drame va tout chambouler. Douleur, espoir, rudesse des paysages et des personnages merveilleusement bien dépeins, le tout dans un langage poétique.
J'ai eu au tout début un peu de mal à rentrer dans le froid quotidien de ces pécheurs de morue qui rament pendant des heures pour arriver sur leur endroit de pêche. Et puis j'ai été emportée et j'avais hâte de retrouver mon livre et la musique des mots. Un très bon moment de lecture émouvant.
Un livre reçu via l'opération masse critique de Babelio. Merci pour cette découverte,
Extrait : " Certains poèmes nous conduisent en des lieux que nuls mots n'atteignent, nulle pensée, ils vous guident jusqu'à l'essence même, la vie s'immobilise l'espace d'un instant et devient belle, limpide de regrets ou de bonheur. Il est des poèmes qui changent votre journée, votre nuit, votre vie. Il en est qui vous mènent à l'oubli, vous oubliez votre tristesse, votre désespoir, votre vareuse, le froid s'approche de vous : touché ! dit-il et vous voilà mort. Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé. Peu importe combien il était important, combien il était bon, combien sa volonté de vivre était forte et combien l'existence était impensable sans lui : touché ! dit la mort, alors, la vie s'évanouie en une fraction de seconde et la personne se transforme en passé. Tout ce qui lui était attaché devient un souvenir que vous luttez pour conserver et c'est une trahison que d'oublier. Oublier la manière dont elle buvait son café. La manière dont elle riait. Cette façon qu'elle avait de lever les yeux. Et pourtant, pourtant, vous oubliez. C'est la vie qui l'exige. Vous oubliez lentement, mais sûrement, et la douleur peut-être telle qu'elle vous transperce le coeur."