Ripeur, de Sourdin Jeff
C'est Midola, lors du "festival rue des livres", qui nous a parlé avec un tel enthousiasme de ce livre, que nous avons été plusieurs à l'acheter (en plus édité par une société Rennaise).
Dimitiri à 27 ans. Il vit dans une petite commune de Mayenne et est éboueur, ou plutôt "ripeur" (éboueur travaillant à l'arrière d'une benne). Ce métier, il l'a eu par hasard, à la suite de deux années de fac ratées et de nombreux petits boulots en intérim. Depuis 4 ans qu'il fait ce métier de nuit, il est entré dans un train-train qui lui convient et qui en même temps le rend mal à l'aise. Est-ce vraiment sa vie d'être ripeur dans un coin reculé ? Na-t-il aucune ambition ? Est-il heureux ? La rencontre avec une jeune bibliothécaire va l'obliger à prendre des décisions.
Sur son marchepied, Dimitri nous livre sa vision de la vie, de l'humain, du travail... Ce travail de nuit qui l'oblige à vivre en décalé, ce travail qui n'est pas reconnu par les autres et qui peut faire honte dans une soirée.
Un premier livre plein de charme et qui ouvre les yeux sur la condition de ces travailleurs de la nuit. Pas vraiment un coup de coeur parce que j'ai trouvé un petit manque de profondeur, je suis un peu restée sur ma fin, mais un bon moment de lecture. Je vais m'empresser de le passer à une amie qui a passé son enfance en Mayenne, et j'attends l'avis de Midola sur son deuxième livre, qui vient de sortir et qu'elle a acheté au festival.
Extrait : "Esclave du travail, je suis le Ben Hur des temps modernes, le galérien des poubelles. Comment briser mes chaînes ? Combien de prisonnier de ce système ? Combien ont arrêté de vivre pour seulement travailler ? Je fais partie du lot. Plus accroché à mon boulot qu'à tout le reste. Par lâcheté, par angoisse, par manque d'imagination.
Le travail est la mère sur qui je compte, l'ami avec qui je passe le plus de temps, la femme pour qui je me prépare et la maîtresse que je rejoins au milieu de la nuit.
Je me maudis de faire ce métier. Je me maudis d'être là dans ce froid. Je suis en manque de sommeil. Je paye chaque sieste avortée, chaque nuit écourtée. Je paye d'avoir préféré veiller avec Marie hier soir. Je paye de vouloir m'accrocher au monde des vivants. Je paye de vouloir vivre normalement."