Le vase où meurt cette verveine, de Martin Frédérique
parution 23/08/2012 - 228 p - Belfond -
Livre de la rentrée lu en avant-première grâce à la librairie Dialogues.
Un roman épistolaire plein de tendresse, d’amour et de désillusion.
Zika et Joseph sont mariés depuis plus de cinquante ans, et ne se sont pas quittés une seule journée. Vivant chichement à la campagne, ils sont heureux et se contentent de peu : leur potager, leurs petites habitudes et leur amour.
Mais à la suite d’une maladie du cœur, Zika doit être suivi par un hôpital. Leurs enfants décident donc de les prendre en charge : Zika ira à Paris avec Isabelle, leur fille ainée. Joseph sera hébergé chez Gauthier avec ses petits-enfants et sa belle-fille.
Va commencer alors une relation épistolaire où les deux amoureux vont mettre des mots sur leurs sentiments. Eux qui n’ont jamais été séparés, les voici maintenant perdus loin l’un de l’autre, avec un sentiment de dépendance vis-à-vis de leurs enfants. Des enfants qu’ils connaissent bien peu. Isabelle reproche à sa mère de ne pas s’être occupée d’elle petite, toute dévouée qu’elle était à son mari. Le couple de Gauthier est en perdition.
De lettres en lettres, ils vont découvrir la douleur de la séparation et la force de leur amour, la difficulté de la dépendance où le corps ne sait plus où se mettre pour ne pas gêner, et surtout les ressentiments des enfants qu’ils croyaient adultes…
Une très belle écriture ou le drame psychologique se tisse petit à petit, à travers l’amour inconditionnel de deux amoureux séparés.
Un beau livre.
« Jusqu’alors je me suis tenu droit, je n’ai pas rechigné à l’ouvrage et le soin de ma famille était ma plus grande joie. Si on m’avait dit que c’était pour arriver là où la fierté n’est plus tout à fait possible… »
« Comme tu me manques en ces jours de détresse ! Aujourd’hui le ciel est obstinément gris, il pleut à ne pas mettre un vieux dehors, alors je me dessèche derrière les fenêtres, ce qui n’améliore ni le temps, ni mon humeur. Tu as le don d’effacer ce qui est hostile, je ne souffrais pas longtemps avec toi. L’abondance de ta douceur ne m’a pas préparé aux épreuves. C’est rude de comprendre qu’à mon âge on ne connait vraiment personne, ceux qu’on aime sans doute moins encore que les autres. Le cœur s’installe dans les yeux pour nous aveugler, on lui laisse prendre ses aises… »