Un père en colère, de Hongre Jean-Sébastien
Ce livre m'a été proposé par la maison d'édition Max Milo.
Stéphane est ingénieur, Nathalie enseignante, ils ont deux enfants. Jeune couple, ils ont décidé de s'installer en banlieue parisienne, à Soigny, où Nathalie est professeur. Elle est persuadée que l'éducation peut changer les choses. Elle a mis de côté le confort d'une vie pour essayer de sauver cette banlieue abandonnée aux dealers. Stéphane et Nathalie ont refusé de voir la réalité et ont mis en danger leurs enfants en les obligeant à côtoyer la racaille.
A un moment, leurs enfants, Fred et Léa, ont dû faire un choix : être une victime ou un bourreau. Quand à 13 ans Léa a été agressé, Fred s'est rendu compte que le seul moyen de la protéger était de rentrer dans une bande. Les deux sont devenus dealers et consommateurs, ils ont laissé tomber leurs études, sont devenus violents avec leurs parents, les intimident et font la loi. Et les parents démissionnent, baissent les bras.
Survient alors un drame qui ébranle la famille. Stéphane décide d'ouvrir un blog pour pour crier sa colère, et il devient le porte-drapeau de parents désemparés. Cette "publicité" ne plaît pas à la bande de ses enfants.
Un livre coup de poing sur des parents dépassés par leurs enfants. On s'attend plus à cette situation dans des familles d'émigrés que dans une famille qui a décidé de s'installer dans cette banlieue sordide. On suit avec horreur la descente en enfer de ce père qui ne sait plus quoi faire pour sauver sa famille et qui voit tous ses efforts anéantis.
Une critique de la société qui ferme les yeux devant cette génération sacrifiée des banlieues difficiles : impossible de trouver du travail quand on a sur son CV une adresse de cette banlieue, des enfants utilisés comme guetteur dès le début de leur adolescence ... enfin tout ce que l'on voit dans certains documentaires un peu voyeuriste à la télévision. Et du coup j'ai eu parfois du mal à me sentir bien dans ce livre.
Antigone a beaucoup aimé, Hélène est perplexe ...
Extrait : « Comment en sommes-nous arrivés là ? Je ne sais pas. Sans doute, comme pour beaucoup de parents, par ces abandons successifs de territoire, ces reculs de notre autorité, dès la naissance, qui sont peut-être la faiblesse principale de notre génération. Nous n’avons plus su dire non quand tout autour d’eux disait « just do it ». Avouons-le, l’éducation de nos enfants est devenue difficile. Mais nous ne sommes pas entièrement responsables. Et nos enfants ne sont pas si innocents. Comment pourraient-ils l’être dans ce monde où avoir une âme est un handicap ? »