Perdu, le jour où nous n'avons pas dansé, de Deyns Caroline
Il me semble avoir noté ce livre chez Alex ou Clara ou Gwenaelle ... afin de l'offrir à ma fille aînée qui fait de la danse classique. Elle l'a donc reçu à Noël, l'a lu avec plaisir et me l'a passé ensuite pour que l'on puisse échanger nos impressions.
Isadora Duncan est une jeune fille éprise de liberté, tempétueuse et tétue. Née à San Fransisco en 1877, elle est élevée avec ses deux frères et sa soeur par une mère bohème et possessive qui souhaite garder sa tribu autour d'elle. Dès son plus jeune âge, Isadora danse mais refuse les règles de la danse classique. A dix ans, elle décide de créer son école de danse avec sa soeur. A vingt-deux ans, après des années de misère, elle convint sa mère, sa soeur et un de ses frères de quitter les États-Unis pour l'Europe. Ce sera Londres puis Paris où Isadora va connaître ses premiers succès.
Elle danse naturellement, dans une tenue quasi transparente, pieds nus. Elle redonne de l'émotion, de la sobriété et une énergie saisissante à un art moribond. Elle fait attention à l'harmonie du geste, à l'intensité du corps.
Son caractère emporté et entier va la conduire à une vie tumultueuse, entre triomphes et oublis, amours et drames. Elle va fonder une école pour donner la chance à des petits filles de découvrir la danse, elle va s'engager aux côtés de la révolution bolchévique et finir par tomber dans la dépression et l'alcool.
Sa mort soudaine atteint une femme brisée,"la lassitude était trop grande, la détresse aurait fini par venir à bout de la dignité."
L’histoire d’une femme énergique, aux mille vies. Un être fantasque et courageux pour qui la danse était essentielle et qui refuse d'être enfermée dans un carcan.
L'écriture est très dynamique et parfois poétique. On ressent très bien les questionnements et les avancées d'Isadora, ses peurs et ses espoirs.
Une très belle découverte.
Avis de fille n°1 : J'ai beaucoup aimé parce que c'est une écriture assez dense, prenante. C'est une danseuse dont j'ai découvert la vie, c'est très détaillée. C'était une période où les femmes étaient sous la tutelle de leur père avant d'être sous la tutelle de leur mari. Elle n'a pas connu de figure paternelle et ne veut pas se marier. J'ai été marquée par sa recherche de la liberté à tout prix et son vagabondage permanent. Elle a toujours mis sa liberté avant tout. Elle était moderne par rapport à son temps en faisant évoluer la danse, ce qui captivait le public.
Extrait : "Isadora ici s'élance, légère, bondissante, le corps flexible, une jambe repliée sous elle, le visage en fuite, bras et voiles derrière elle comme des ailes. Elle flotte, éthérée, pareille à une âme sans prise.
Soudain, elle marque un temps d'arrêt, les pieds parallèles, fichés au sol, les bras en équerre, coudes levés, la nuque renversée. Suspendue au mouvement suivant, au mouvement imminent : son évidence. Se laisse couler à terre, comme une vague verticale, s'y agenouille. Nulle improvisation comme on le croit souvent : dans le corps, le poids s'est déplacé, les tensions aussi, obligeant le geste suivant, induisant sa nécessité. Danse fluide, prévisible, pour qui sait penser avec son corps."