Petit pays, de Faye Gaël
Gros coup de coeur pour ce roman dont j'ai entendu parler quand il a eu le prix Fnac (comme quoi les prix peuvent servir ! ) et quand fille n°2 a assisté à une émission où Gaël Faye était présent. J'ai donc décidé de l'acheter pour pouvoir partager ma lecture avec elle. Très bonne pioche.
Gabriel vit avec sa petite soeur et ses parents, un père français et une mère rwandaise, dans une impasse à Bujumbura, la capitale du Burundi. Moments d'enfance et moments d'insouciance entre la bande de copains, les descentes de la rivière dans un tronc de bananier, l'école française, les montagnes, les lacs, les bougainvilliers, le trafic de mangues, les chaudes après-midi à se retrouver dans la planque de la bande - un vieux combi volswagen rouillé ... Et malgré la séparation de ses parents, c'est l'optimisme et la vie douce qui à la part belle dans la première partie du roman.
Et puis ... génocide au Rwanda, coup d'état au Burundi, exactions, massacres et haines entre des ethnies qui vivaient en bonne entente auparavant. Et voilà que la vie de Gabriel, de sa soeur Ana, de ses copains et de ses parents basculent vers la peur.
Une écriture poétique et mélancolique. On rit ( ah, la description de la circoncision des jumeaux !), on pleure, on sourit, on souffre, on a peur, on retient son souffle et on croise les doigts pour que l'enfance de Gabriel, d'Ana et de tous ses enfants africains qui n'ont pas demandé à faire partie d'une ethnie ou d'une autre ne soit pas définitivement massacrée.
C'est amusant, je retrouve un peu dans l'écriture de Gaël Faye celle de Mathias Malzieu. Deux musiciens-chanteurs-interprètes qui nous livrent dans leurs livres tout un pan de leur histoire avec une poésie et une douceur spéciale.
Une très belle écriture, un beau coup de coeur.
Extraits : "Je n'étais pas tout à fait un homme quand j'ai quitté le Zaïre de mes parents pour fuir notre misérable village. J'avais trouvé mon coin de bonheur à Bujumbura, cette ville était devenu la mienne. J'ai vécu mes plus belles années à Kamenge, sans m'en rendre compte, car sans cesse je pensais au jour d'après, espérant que demain serait mieux qu'hier. Le bonheur ne se voit que dans le rétroviseur. Le jour d'après ? Regarde le. Il est là. A massacrer les espoirs, à rendre l'horizon vain, à froisser les rêves. J'ai prié pour nous Gaby, j'ai prié autant de fois que j'ai pu. Plus je priais et plus Dieu nous abandonnait, et plus j'avais foi en sa force. Dieu nous fait traverser les épreuves pour qu'on lui prouve qu'on ne doute pas de lui."
"Même après avoir refermé son lourd portail, j'entendais encore sa voix derrière moi me prodiguer d'intarissables conseils : prends garde au froid, veille sur tes jardins secrets, deviens riche de tes lectures, de tes rencontres, de tes amours, n'oublie jamais d'où tu viens..."
"Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j'ai compris que je l'étais de mon enfance. Ce qui me parait bien plus cruel encore."
Après avoir lu ce livre, j'au eu envie de découvrir le Gaël Faye chanteur. Là aussi j'ai beaucoup aimé !
Gaël Faye - Petit Pays