Les désorientés, de Maalouf Amin
parution 09/2012 - 519 p. - Existe en poche
Alors, depuis le temps qu'il était sur ma PAL celui-là ! Il ne pouvait que faire partie du challenge objectif PAL de Antigone et Anne Desmots et des notes !
Même si ce n'est pas une autobiographie, je pense qu'il y a beaucoup de la vie et de l'enfance de l'auteur dans ce livre.
On y suit Adam qui vit depuis plus de vingt ans en France après avoir fui son pays. Ce pays, il ne le nomme jamais, même si l'on sait que c'est un pays du bassin levantin dans lequel des conflits ont eu lieu. Il est chercheur-professeur d'histoire à Paris, quand il reçoit un appel de Mourad, un ancien ami qui est sur le point de mourir et qui voudrait s'entretenir avec lui avant la fin. Même si il n'a pas parlé à cet ami depuis de très longues années à la suite d'une brouille sur la façon dont celui-ci s'était conduit pendant le conflit, Adam décide de prendre le premier avion pour son pays natal.
A son arrivée, il apprend le décès de Mourad. Il décide cependant de rester quelques temps, et sur l'insistance de la veuve, de reprendre contact avec son groupe d'amis d'enfance afin d'organiser une réunion. Ils ont quasiment tous fui les combats, se réfugiant dans différents pays du monde. Ce retour au pays, des retrouvailles et cette prise de contact vont le bousculer.
Pendant les 16 jours de son passage, Adam va écrire dans un carnet tous les faits mais aussi toutes ses pensées. C'est donc sous la forme d'un journal que se passe une grande partie du livre.
Au cour de ce voyage, Adam va être confronté à l'amitié, à l'amour, aux idéaux, à la religion, aux décisions prises de rester ou de fuir, aux engagements, aux égarements, à la politique ...
J'ai beaucoup aimé la façon très fine dont l'auteur parle de ce pays, des conflits et de ses conséquences. Rien n'est dit, tout est expliqué entre les lignes autour des conversations, des rencontres, des chemins de vie.
Aucune prise de position en positif ou négatif sur le fait d'être resté ou d'avoir fui ou sur les différentes religions et factions. Rien qu'un état de ce qui existe, un rapport sur le parcours de chacun.
J'ai par contre trouvé qu'il y avait certaines longueurs, peut-être dues au côté "journal de bord" du roman qui laisse peu de place à l'émotion. Peut-être aussi à cause du caractère de Adam. Je l'ai trouvé mou, se laissant porter par les évènements, ne prenant pas de décisions : "lâchement soulagé", "je me laisserai guider par la vie". Que cela m'énerve ces personnes qui se laissent aller !
Une lecture que j'ai donc apprécié, tout en la trouvant un peu longue.
Et voici ma PAL qui baisse d'un coup de plus de 500 pages !
Extrait : "Que ces personnes éparpillées par la guerre comme par les aléas de la vie, qui se trouvaient à présent sur quatre continents différents, qui évoluaient dans diverses sphères professionnelles, politiques ou spirituelles, et qui ne s'étaient plus réunies depuis un quart de siècle, se soient toutes montrées prêtes à converger ainsi, sur un signe de lui, vers cet hôtel de montagne - a posteriori, on peut trouver la choses compréhensible ; mais au moment de rédiger ses lettres, il ne s'y attendait pas.
Il faut croire qu'il y avait, chez eux tous, un puissant désir de renouer les fils avec leurs amis d'autrefois ; et aussi, bien sûr, à travers ces amis, avec leur vie d'avant. Avant la guerre, avant la dispersion, avant la décomposition de leur société levantine, avant la disparition des êtres qu'ils avaient aimés."