Amon, mon grand-père m'aurait tuée, de Teege Jennifer et Sellmair Nikola
Jennifer est née à Munich en 1970 et a été placée dès sa naissance dans un foyer. Née de père Nigérien qui ne l'a pas reconnu et de mère allemande, celle-ci l'a mise en foyer pour pouvoir continuer à travailler en tant que secrétaire. Dans ce foyer, les parents peuvent venir voir leur enfant le week-end. A l'age de trois ans, les enfants sont repris par leurs parents ou placés dans une famille d'accueil. Sa mère ne pouvant pas la reprendre, elle va partir en famille d'accueil et va être adoptée à l'âge de 7 ans par cette famille. Elle ne revoit pas sa mère et sa grand-mère mais s'épanouit dans sa nouvelle vie familiale avec ses parents et ses deux frères adoptifs.
Mariée, deux enfants, Jennifer a un passé de zone d'ombre et de déprime. Un jour qu'elle se trouve à la bibliothèque, elle tombe sur un livre qui parle de sa mère biologique. Stupéfaite, elle apprend que son grand-père était un tortionnaire nazi, celui qui a été mis en scène dans le film "la liste de Schindler", le commandant du camp de Plaszow surnommé "le boucher de Hitler".
Se lançant dans des recherches, elle va reprendre contact avec sa mère biologique pour essayer de comprendre le passé familial.
Une partie est écrite par Jennifer Teege elle-même, entrecoupée de commentaire de Nikola Sellmair qui apporte un regard extérieur. Un témoignage très intéressant non seulement sur cette histoire mais aussi sur toute la culpabilité de la deuxième ou troisième génération.
Extrait : " Je crois qu'on n peut être en paix avec le passé, et le surmonter un jour, qu'à condition de l'aborder ouvertement. Celui qui croit devoir se cacher et cacher son identité, celui-là ne tarde pas à tomber malade.
C'est la raison pour laquelle jai été si bouleversée quand j'ai découvert tout ce que ma mère m'avait caché : le secret de famille qui avait assombri son enfance, son adolescence et toute sa vie - elle le perpétuait avec moi. Je l'ai appris trop tard."
"La violence et la brutalité laissent souvent des traces profondes chez les générations qui suivent. Ce qui les rends malades, ce ne sont pas tant les crimes eux-mêmes que le silence qui les a entourés. Cette néfaste conjuration du silence que l'on observe dans certaines familles de criminels et qui se prolonge souvent sur plusieurs générations.
Si la culpabilité n'est pas héréditaire, le sentiment de culpabilité, lui, l'est bel est bien. Sans s'en rendre compte, dit Bründl, les enfants d'un criminel transmettent à leurs propres enfants leur angoisse, leur honte, leur faute. Cela concerne beaucoup plus de familles allemandes qu'on ne le pense".