La note secrète de Marta Morazzoni
Dans ce roman inspiré d'un fait réel, l'auteur nous relate la vie de Paola Pietra, comtesse puis sœur bénédictine à Milan, dans la première moitié du 18ème siècle.
Paola a tout juste treize ans quand son père et sa belle-mère décident de la laisser au monastère de Sainte-Radegonde. A son arrivée, elle est confiée au bon soin de sœur Rosalba, soprano et chef de chœur, qui va déceler chez sa protégée « une voix étrange et sombre », un contralto puissant.
Contre l'avis de la mère supérieure qui y voit un côté mondain très éloigné de l'obéissance et l'innocence que se doit de suivre les sœurs bénédictines, sœur Rosalba intègre sœur Paola au chœur et va même jusqu'à lui faire chanter, en duo, un Stabat Mater de Pergolèse pendant une messe.
Cachées derrière des grilles au fond de l'église, les sœurs s'exhibent à travers leur chant sans rien laisser voir de leur physionomie. Mais c'est assez pour que Sir John, un diplomate anglais en poste à Milan, tombe éperdument amoureux de cette voix et de la jeune nonne qui se cache derrière.
Intrigue, aventure, secret, rébellion, amour … tout s'enchaîne autour de cette rencontre de voix. Il y est question de rencontres mais aussi de relations internationales, Sir John venant de Londres à Milan pour une mission auprès de l'archiduc d'Autriche. On y retrouve donc aussi des espions, de la politique, des questions financières et diplomatiques.
Outre l'histoire qui est intéressante et enlevée, l'auteure nous livre aussi, au fil des pages, son avis sur l'avancée de son livre, les atermoiements des personnages, des retours en arrière... et cette voix se mélange à celles des sœurs et de Sir John. Cela donne un détachement original.
Un roman intense et intriguant, tiré d'un fait réel. Une belle lecture qui montre la détermination d'une très jeune femme et son combat pour sa liberté à une époque où cela était interdit. J'ai juste regretté la rapidité de la fin.
Extrait :
« Le tableau se compose ou se décompose, je m'aperçois que je dois construire une scène dont les menus détails sont faits de petits pas, de gestes de courtoisie, tenant lieu de langage sans paroles, dans lequel s'inscrit le tournant à imprimer à l'histoire de Paola Pietra : le menuet de câlineries et d’œillades, de complicité et de sous entendus, de questions non formulées et de réponses sous forme de sourires qui se veulent rassurantes. Elle est immense, la distance entre l'origine de l'histoire de Paola et le hall de la maison dans laquelle ils l'introduisent enfin, et qu'elle parcourut du regard, pour le graver dans son esprit tel qu'elle le voyait à ce moment-là. »