Fille, femme, autre de Bernardine Evaristo
Ça faisait longtemps que ce titre était sur ma PAL, j'étais donc bien contente de le trouver enfin disponible à la bibliothèque.
Au début j'ai retrouvé avec plaisir la gaieté de la couverture dans les échanges et le dynamisme des personnages présentés. Des femmes, noires vivant en Angleterre, féministes, éprises de liberté, rebelles et en proie au racisme, au sexisme et à la pauvreté.
Il y a Amma qui est devenue une auteure de théâtre et qui se rend à la première d'une de ses pièces dont le thème est le combat des lesbiennes au Bénin ; Yazz sa fille, qu'elle a eu avec un de ses amis homosexuel ; Dominique avec qui elle a commencé le théatre et qui a suivi sa copine aux Etats-Unis ; mais aussi Shirley et Pénélope des enseignantes et leurs élèves Carole et LaTisha .... "Douze femmes puissantes, apôtres du féminisme et de la liberté, chacune à sa manière, d'un bout de siècle à l'autre".
Douze vraiment ? J'ai eu l'impression qu'il y en avait beaucoup plus tant le livre est foisonnant de rencontres. Pour le parcours d'une femme, on suit aussi l'histoire de sa famille sur plusieurs générations. Toutes ces femmes dont aucune n'a de sexualité "classique" (quand enfin l'une a un mari et des enfants, c'est pour s'apercevoir que le mari couche avec la belle-mère ...).
Donc, au début, j'ai beaucoup aimé. Et le thème, et l'écriture avec des retours à la ligne fréquents, sans point au bout des phrases.
Et puis ... j'ai commencé, non seulement à me lasser du style, mais surtout à être perdue dans tous les prénoms, les situations, les retrouvailles et les entrecroisements entre les différentes histoires.
J'ai craqué à la page 355 et lu les cent dernières pages en diagonale.
Une déception donc, mais je suis quand même contente de l'avoir tenté. Et puis ça restera mon premier roman avec le pronom iel.
Extrait :
"et voilà comment cette Yazz accourt et s'exclame que la conférence (conférence ?) était époustouflante et qu'elle envisage de devenir non-binaire, quel éveil, non ? enchaîne-t-elle aussi excitée que si elle tentait l'aventure d'une nouvelle coupe de cheveux
Morgan ne commente pas
la gosse doit savoir que l'identité trans ne s'obtient pas en jouant, sous l'effet d'un caprice, il s'agit de devenir soi, véritablement, malgré la pression de la société, la plupart des gens, sur la palette des genres, se sentent différents depuis l'enfance, ajoute-t-elle s'efforçant de ne pas paraître trop sévère tandis que le public sort lentement de la salle, [...]
c'est quelque chose qui est implanté en soi, lui dit Morgan, pas une tendance, même si certain.e.s pourraient adopter une positions trans par affirmation politique, ce que l'on peut admettre s'il s'agit d'une preuve d'intégrité, de solidarité, de rejet authentique des contraintes normatives de la société
et non parce que c'est un truc branché ou un signe d'éveil
ce pour quoi les femmes sont devenues des lesbiennes politiques il y a des années, choisissant d'avoir des relations sexuelles avec des femmes parce qu'elles ne supportaient plus le sexisme masculin
mais non parce qu'elles n'éprouvaient plus de désir pour les hommes"