Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog des fanas de livres
le blog des fanas de livres
  • Je lis pour m'évader, avancer, ressentir des émotions et des sensations, rire, vibrer, pleurer, comprendre, m'ouvrir à de nouvelles cultures, rêver, trembler... et j'ai bien envie de le partager avec vous.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
15 juin 2022

L'infini dans un roseau, de Irène Vallejo

L-Infini-dans-un-roseau (2)

Mélange de roman et d'essai sur "L'invention des livres dans l'Antiquité".

Irène Vallejo nous livre un récit pour comprendre l'histoire du livre.

Ce qui est très intéressant et qui rend le récit vivant, c'est qu'au-delà de l'aspect historique, l'auteure parsème son oeuvre d'anecdotes, anciennes ou actuelles. On passe ainsi de l'invention de l'alphabet au VIIème siècle avant Jésus-Christ, au plaisir des graffeurs de notre siècle à tracer des lettres. 

Il y a bien sûr la naissance de l'écriture, avec tout d'abord des symboles.  Mais les pictogrammes sont limités et ne permettent pas de faire passer des idées plus abstraites. Les anciens s'exprimaient avec des rébus, avant de venir à la création de l'alphabet. L'écriture commence lorsque les sons sont retranscrits. Une invention immense et fantastique qui date du VIIIème siècle avant JC et qui rend  l'écriture plus accessible.

Il y a aussi le support. Si tout commence avec les tablettes d'argiles, celles-ci sont remplacées, petit à petit, par le papyrus découvert au XXIème siècle avant Jésus-Christ. Au début n'y sont inscrits que des hiéroglyphes ou pictogrammes avant d'y voir des lettres et mots. C'est donc oralement que les épopées comme L'Iliade et l'Odyssée d'Homère sont parvenues jusqu'aux scribes chargés d'écrire sur les rouleaux. Le papyrus est un support d'écriture léger, une fantastique avancée qui est cependant facilement détruit par l'humidité ou le feu. Il a aussi l'inconvénient de ne pousser qu'en Egypte, ce qui créé une sorte de monopole. C'est en voulant s'affranchir de ce commerce que le parchemin (à base de cuir) va être trouvé au IIème siècle avant JC. Il faudra attendre les années 80 après JC pour l'invention du codex, ancêtre de nos livres. Codex qui s'imposera entre le IIIème et le Vème siècle après JC.

Et s'il y a l'écriture, il y a aussi la lecture. Limitée aux quelques personnes instruites au début, l'arrivée du codex a révolutionné le savoir.

Au-dessus de tout ça, il y a l'Histoire.

Dans la première partie de l'ouvrage, c'est la Grèce qui domine un immense empire allant du bassin méditerranéen à l'Inde en passant par la Mésopotamie. Alexandre le Grand et son bras droit Ptolémée vont être le moteur de la création de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie en 331 avant Jésus-Christ. Un lieu ou les écrits des savants, philosophes, dramaturges, historiens ou écrivains vont être recopiés inlassablement sur des rouleaux de Papyrus.

Et comment s'y retrouver dans tous ces rouleaux ? C'est Calimaque de Cyrène, un poète grec, qui va inventer les bases de la classification des livres. Il écrivit aussi un catalogue des oeuvres des auteurs illustres du IIIème siècle avant Jésus-Christ.

Dans la deuxième partie de l'ouvrage, place à Rome. Au IVème siècle avant JC, Rome commence juste son expansion. Deux siècles plus tard, la population romaine est la plus riche du monde connu. L'extension se fait aussi à coup de pillages, et notamment des bibliothèques. On passe doucement des écrivains grecs à la littérature latine. 

Un ouvrage très intéressant.

Après, sans être historienne, il m'a semblé qu'il y avait quelques inexactitudes, comme, par exemple, le fait qu'il n'y ait aucune référence à l'alphabet sérabite qui semble le premier alphabet.

Malgré cela et quelques longueurs, c'est un récit qui reste fluide, comme si on nous racontait un conte d'un autre temps. C'est une lecture très plaisante. A lire et à offrir pour toutes les personnes amoureuses de la lecture. 

J'ai complété la lecture de cet ouvrage avec un documentaire sur Arte nommé "l'odyssée de l'écriture".

Extraits : 

"Les lettres ne sont peut-être que des signes morts et fantomatiques, enfants illégitimes de la parole orale, mais nous, lecteurs, savons leur insuffler la vie. "

"Après la révolution technologique qu'avaient représenté l'écriture et l'alphabet, les successeurs d'Alexandre mirent en marche un ambitieux projet d'accumulation de la connaissance et d'accès au savoir. Le Musée attira les meilleurs scientifiques et inventeurs de l'époque avec la promesse qu'ils pouvaient consacrer leur vie à la recherche - sans oublier l'intérêt pour leurs proches d'une alléchante exonération d'impôts. La Grande Bibliothèque  et celle du Serapeum firent sauter les verrous qui maintenaient prisonnières toutes les idées et toutes les découvertes. L'atmosphère grisante autour de ces rouleaux écrits et leur accumulation dans la gigantesque Bibliothèque dut être à peu près similaire à l'explosion créatrice que signifient aujourd'hui Internet et la Silicon Valley?

Il y a autre chose : les responsables de la Bibliothèque développèrent des systèmes efficaces pour s'orienter parmi cette information qui commençait à déborder de toutes les digues de la mémoire. Inventer des méthodes comme le système alphabétique de classement et le catalogage - philologues pour corriger les erreurs dans les livres, copistes pour reproduire ceux-ci, bibliothécaires pédants et souriants pour guider les non-initiés à travers le labyrinthe virtuel des textes écrits - furent des pas aussi importants que l'invention de l'écriture. [...]

A quoi cela sert-il d'accumuler des documents si le désorde les éparpille et si les éléments dont on a besoin à tout moment sont comme des aiguilles dans des bottes de foin infinies ? Ce qui distingua la Grande Bibliothèque à son époque, comme de nos jours Internet, ce furent ses techniques simplifiées et très avancées pour trouver l'aiguille dans la botte de foin chaotique du savoir écrit".

"Contes d'autrefois pour lecteurs d'aujourd'hui Finn Garner - Reformulation du Petit Chaperon Rouge "Il était une fois une personne en bas âge, prénommée Chaperon rouge, qui vivait avec sa mère à la lisière d'une forêt. Un jour, sa mère lui demanda d'aller porter un panier avec des fruits frais et de l'eau minérale à sa grand-mère, non parce qu'elle considérait que c'est une tâche propre aux femmes, attention, mais parce que cela constitue un acte généreux qui contribue à renforcer la sensation de communauté.""

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Intéressant mais je ne suis pas certaine d'avoir le courage de tenter la lecture d'un essai alors que j'ai vécu une grosse panne de lecture il n'y a pas longtemps.
Répondre
G
Ah oui, un ouvrage forcément intéressant et instructif. Je note... mais pour l'hiver ! Là, j'ai besoin de lectures plus distrayantes !
Répondre
G
@ Luocine : ou une accro aux livres ;-)
Répondre
L
un sujet intéressant , surtout pour une documentaliste ou une bibliothécaire.
Répondre
Publicité