Vie animale de Justin Torres
Un petit livre en nombre de pages, mais un livre puissant.
Trois enfants métis (père portoricain, mère blanche), vivotent aux Etats-Unis et poussent tous seuls entre des parents jeunes et dépassés. La mère qui a eu l'ainé à 14 ans travaille de nuit, le père, lui, c'est quand il peut. Misère, violence, désespoir ou rire. Si les deux aînés semblent heureux de cette liberté, le dernier de la fratrie, plus sensible, a du mal avec ces errements.
C'est lui d'ailleurs le narrateur de ce roman, le seul qui semble avoir des dispositions pour les études. Différent, plus tendre, efféminé, cette vie toxique n'est pas faite pour lui.
Tendresse et brutalité se suivent. Les trois enfants forment un bloc soudé contre la brutalité du père et du monde exterieur.
Une chronique sans compromis de cette enfance saccagée et pourtant pleine d'amour et de complicité portée par des chapitres courts. Une belle analyse psychologique..
Un livre touchant et fort et pourtant, il me reste peu en mémoire !
Extraits :
"On était à moitié laids, à moitié noirs, à moitié sauvages."
"En général, on gardait nos distances, on était trois métis dans leur propre univers, et les sales blancs restaient dans le leur. On se méfiait autant d'eux qu'ils se méfiaient de nous, et on n'avait pas besoin d'eux. On se suffisait à nous même pour jouer, chasser, se battre. On était soudés."