Nos tempêtes sont à la hauteur de nos rêves, de Nadalette La Fonta
Nadalette La Fonda nous livre ici un « manifeste pour ne pas passer à côté de sa vie », manifeste que j'ai reçu grâce à l'opération Masse Critique de Babelio.
Femme d'affaire affairée, persuadée d'être heureuse à courir et vivre sa vie intensément, comblée par sa brillante carrière et trois enfants, elle ne fait pas attention aux signaux envoyés par son corps, ne s'écoute pas. Une scoliose détectée à l'adolescence s'est amplifiée. À près de soixante ans, la douleur est quotidienne, il faut opérer. Malheureusement, à la suite d'un accident opératoire, on lui révèle à son réveil qu'elle est devenue paraplégique.
Dans un premier ouvrage « Le Roseau penchant, histoire d’une merveilleuse opération » paru en 2017, Nadalette La Fonda a parlé de son combat post-opératoire.
Ici, elle nous livre un manifeste sur l'importance de vivre sa vie pleinement.
J'ai eu du mal à entrer dans le livre, pour deux raisons :
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Par la présentation avec au moins six typos différentes, des paragraphes en exergue sans que je comprenne pourquoi, et ces horribles notes en bas de page qui nous renvoient systématiquement à un lien wikipedia !
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Par le thème : les premiers chapitres (une centaine de pages) sont dédiés à la première partie de sa vie : sa famille, un chemin tout tracé d'école prestigieuse sans vraiment écouter ses envies ou ses rêves, l'idée qu'il faut se conformer au modèle social. Une vie professionnelle commencée dans les années 80 sur les chapeaux de roue. Intransigeante, hyperactive, ayant besoin de la reconnaissance des autres, « terminator en jupon ». Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais et j'ai trouvé peu d'intérêt dans cette première partie, même si elle a le mérite d'être honnête et nous rappelle qu'il faut accepter nos erreurs.
Et puis la deuxième vie arrive, celle après l'accident.
L'auteur entre alors dans le vif du sujet. Nadalette apprend à profiter et apprécier la vie quotidienne. Elle va prendre le temps de s'écouter et de se respecter. Elle nous parle de l'idée d'accepter ses erreurs, d'apprendre à se connaître, essayer de suivre ses rêves et profiter de l'instant présent.
J'ai aimé qu'il n'y ait pas trop de conseils péremptoires (même si on a le droit à « Il faut s’aimer soi-même pour pouvoir aimer l’autre ») et que ce soit plutôt une transmission d'un chemin, d'une écoute.
J'ai aimé aussi le plaidoyer sur le respect des différences que ce soit sur l'âge, le sexe ou le handicap (visible et invisible).
Chaque chapitre se termine par une liste de « cailloux blancs ». On peut y puiser des enseignements pour apprendre à s'écouter, à se défaire de ses mauvaises habitudes et à trouver une paix intérieure.
Une leçon de vie lucide qui lui permet d'avoir une relation apaisée avec elle-même et de devenir plus libre, même dans le carcan du handicap.
Extrait :
« C'est mon histoire, ma découverte, mon aventure, ma vie. Je ne m'étais instinctivement pas reconnue à l'époque dans l'enfant soumise aux règles de ses parents et des convenances. Même si je reconnais leur être aussi redevable.
Je ne me retrouve certes plus dans l'esclave de cette seule ambition de réussir qui m'a animée longtemps. Quelque gratitude que j'ai pour elle. Je ne me reconnais plus en celle qu'on a supposé éternellement forte et indestructible. Celle qui ne doit rien demander, rien espérer, qui ne vaut rien et qui ne doit pas attendre de réciprocité, d'amour, d'empathie, de respect et surtout de tendresse et d'attention. Je sais sa souffrance et je la berce de ses peines que nul ne veut encore entendre. Je sais que cette guerrière est une illusion. Un leurre qui permet à ceux qui confondent force et puissance, et qui n'ont pas le courage de me reconnaître pour celle que je suis, de se donner bonne conscience et de ne pas me respecter. Je la remercie de m'avoir protégée. Mais je sais aussi qu'elle s'est révélée in fine incapable de le révéler, de me défaire d'une liberté conditionnelle castratrice.
Je ne me reconnais plus en victime, subissant les reproches, s'immolant au plaisir de l'autre, au désir de l'autre, servante du confort des autres, de la satisfaction de leurs besoins et de la réalisation de leurs rêves. Je ne veux plus faire semblant pour satisfaire à la tranquillité de leurs esprits, pour préempter leurs plaisirs, ni concourir à leurs exploits. Je me répare de ma solitude, des abandons et des abus.
Je me sais mortelle, fragile, vulnérable, éphémère, et je me déclare pour telle. »