Ce que le jour doit à la nuit, de Khadra Yasmina
Je suis toujours estomaquée par l'écriture de Yasmina Khadra. C'est toujours long pour moi de lire ses livres parce que je passe mon temps à relire des phrases et des paragraphes !!! Une écriture très imagée : on voit, on sent, on touche....
Younes est Algérien. Né dans les années 30 d'un père paysan, la famille vit recluse, chichement mais librement, jusqu'à ce qu'une suite d'incidents leur fasse perdre leur terre.
Ils sont obligés d'aller en ville, à Oran, pour essayer de trouver du travail et de s'en sortir. Arrivés dans les faubourgs putrides d'Oran, les voici coincés dans une chambre minuscule au fond d'un patio. Pendant que son père essaye vainement de faire vivre sa famille, la solidarité des femmes permet à sa mère et sa soeur de survivre. Younes, lui, va être pris en charge par son oncle, pharmacien et sa femme française.
Son prénom est transformé en Jonas, il apprend à lire et écrire, va à l'école, a des amis français et s'éloigne petit à petit de ses parents et de sa soeur. Une amitié très forte va se former avec trois garçons de son âge, trois jeunes français. Les amours pour une même jeune femme vont distendre le groupe qui restera cependant très unis. Tiraillé entre sa nationalité algérienne et son éducation européenne, la guerre d'Algérie arrive, Jonas ne sais plus ou se situer...
J'ai beaucoup aimé ce livre qui raconte de manière émouvante les errements d'un jeune algérien élevé de manière européenne. J'ai parfois trouvé quelques longueurs dans la deuxième partie du livre, et surtout j'ai été fortement agacée par les non -décisions de Jonas qui se laisse porter par les évènements... Mais bon, je garderai un souvenir positif de ce livre.
Extrait : " Jenan Jato : un foutoir de broussailles et de taudis grouillant de charrettes geignardes, de mendiants, de crieurs, d'âniers aux prises avec leurs bêtes, de porteurs d'eau, de charlatans, de mioches déguenillés; un maquis ocre et torride, saturé de poussière et d'empuantissement, greffé aux remparts de la ville telle une tumeur maligne. La mouise, en ces lieux indéfinissables, dépassait les bornes. Quant aux hommes - ces drames itinérants -, ils se diluaient carrément dans leurs ombres. On aurait dit des damnés évincés de l'enfer, sans jugement et sans préavis, et largués dans cette galère par défaut, ils incarnaient, à eux seuls, les peines perdues de la terre entière."