Ritournelle de la faim, de Le Clézio J.M.G
Quelle magnifique écriture ! J’ai été subjuguée par la qualité, le choix des mots, une fluidité très agréable. Je n’avais jamais lu de livres de cet auteur, prix nobel et groupe de lectures aidant, me voici plongée dans son dernier roman, qui décrit la vie de sa mère, de 1932 à 1943.
Ethel a 10 ans. Elle vit à Paris entre son père, Alexandre, homme d’affaire immature et mondain, à l’accent créole datant de son enfance à l’Ile Maurice, qui va ruiner sa famille en accumulant les investissements abracadabrants et ruineux ; et sa mère, Justine, femme digne et droite, dépassée par l’inconsistance de son mari.
Ethel, jeune fille timide, va devenir une jeune femme vive et moderne.
Il n’y a pas vraiment d’histoire, juste le quotidien… celui d’une amitié de collégienne, de conversations mondaines à l’approche de la guerre, de trahison d’un père sûr de son talent d’homme d’affaire, d’une famille soudée, d’un amour naissant… et puis surtout le développement de la conscience et de la personnalité d’une jeune fille « qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. ».
Ce roman m’a permis de découvrir un grand écrivain, et j’ai hâte de lire les différents commentaires de celles et ceux qui ont lu cet auteur afin de choisir parmi sa longue bibliographie, quel sera le prochain roman que je lirais de lui….
Extrait : « Ethel avait pensé alors que c’était trop tard, qu’elle ne pourrait pas quitter sa famille, comme elle aurait voulu le faire, pour s’embarquer à l’aventure vers l’autre bout du monde, vers le Canada – le rêve de Maria Chapdelaine, d’un pays froid et pur, où la neige étincelait sous le ciel, où les forêts sont sans fin, où Laurent la rejoindrait pour une vie nouvelle. Ils en avaient parlé, sur la plage, pour quand la guerre serait finie. Ils avaient commencé des projets, lui dans un cabinet international, elle à enseigner la poésie dans un lycée privé.
Mais trop tard maintenant, sur le bord de ce radeau de naufragés que le vent de la réalité allait emporter. Au milieu des décombres, les valises déjà bouclées, les cartons ficelés, une débâcle d’objets flottants au courant incohérent des évènements, dans le chaos des fausses nouvelles, des communiqués mensongers, des articles de propagande, de la haine des étrangers, de la méfiance des espions, des ragots d’épicier, de la faim et du vide, du manque d’amour et d’orgueil. »
Livre lu dans le cadre du Blogoclub, organisé magistralement par Sylire et Lisa