loyautés

Hélène, professeur en collège, a repéré dans sa classe un jeune garçon, Théo, qu'elle pense maltraité. Il est effacé, baisse le regard, essaye de ne pas se faire remarquer. Elle a connu ça dans son enfance et ne veut pas lâcher l'affaire. Mais ni le directeur, ni les autres enseignants, ni l'infirmière scolaire ne la suive : pas de trace de coup, des parents divorcés mais une mère présente. Alors qu'est ce qui ne va pas chez Théo ?

Avec ses moyens parfois pas très académique et maladroits, Hélène va creuser pour comprendre.

Un roman polyphonique, chaque chapitre étant écrit par un personnage différent : Hélène, Théo et Cécile, la mère du meilleur ami de Théo.

Un livre tout en sous entendu sur la fidélité à ses engagements, sur les vies qui dévient, sur les liens qui unissent et sur la trop grande pression qui peut peser sur les épaules d'un enfant.

J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour Théo qui protège, qui prend les coups, qui s'enfonce. Son portrait ainsi que celui de son camarade et de la mère de celui-ci sont tout en émotion, en retenu et très bien écrit.

J'ai par contre été gênée par le personnage d'Hélène présentée parfois comme le seul rempart de bienveillance du collège,  se battant contre les orientations bâclées proposées par TOUS les autres professeurs, ne dormant plus la nuit pour cet élève (or il faut savoir que dans chaque classe actuellement il n'y a pas un élève en souffrance mais plusieurs dont certains se traînent des sacrés casseroles. Et toute l'équipe est en général à l'écoute de ces gamins.). Un portrait un brin caricatural qui m'a empêché de rentrer vraiment dans l'histoire.

Cela reste cependant un bon moment de lecture émouvant.

Extrait : "J'ai pensé que le gamin était maltraité, j'y ai pensé très vite, peut-être pas les premiers jours mais pas longtemps après la rentrée, c'était quelque chose dans sa façon de se tenir, de se soustraire au regard, je connais ça par coeur, une manière de se fondre dans le décor, de se laisser traverser par la lumière. Sauf qu'avec moi, ça ne marche pas. Les coups je les ai reçus quand j'étais gosse et les marques je les ai cachées jusqu'au bout, alors à moi, on ne me la fait pas. Je dis le gamin parce que franchement il faut les voir, les garçons, à cet âge-là, avec leurs cheveux fins comme ceux des filles, leurs voix de petit poucet, et cette incertitude qui colle à leurs mouvements, il faut les voir s'étonner grands yeux écarquillés, ou se faire engueuler mains noués derrière le dos, la lèvre tremblotante, on leur donnerait le bon Dieu sans confession. Pourtant il n'y a aucun doute, c'est à cet âge-là que ça commence, les vraies conneries."