La fille dévastée, de Guilcher Rozenn
Et bien je me retrouve tout à fait dans le commentaire qu'Anne en a fait, elle qui m'a prêté ce livre. Un livre envoûtant, sombre, extrêmement dur. Un livre qui surprend et qui me restera en mémoire.
Il m'a fait penser à "La grosse, "de Françoise Lefèvre par son écriture à fleur de peau et ses phrases hachées.
Marie est née, un soir d'hiver. Sa mère ne voulait pas de cet enfant. Elle a été la déposer dans la neige. Mais le bébé a été trouvé. Elle a survécu, et sa mère, par crainte d'une enquête et d'un emprisonnement, est venu la chercher. Cette fille qui n'aurait pas du naître, pas du vivre, elle n'est rien. Sa mère peut la frapper, le violer, la torturer psychologiquement et physiquement. Alors la fille se fait toute petite, essaye d'être oubliée. Elle se dit qu'elle doit le mériter, qu'elle n'a pas été assez gentille. Puis elle se fuit et elle fuit la réalité dans l'alcool : elle se déconstruit. Jusqu'à la délivrance (assez positive, je vous rassure !).
En plus du thème très dur, il y a l'écriture qui est du même acabit. Des phrases hachées, parfois même juste des mots. Un va et viens entre la mère et la fille qui fait qu'on est parfois déboussolé, on ne sait plus qui est qui... Et tout cela entrecoupé de poèmes souvent violents.
Plus que des écrits, je vous livre deux extraits : le premier est une pensée de la fille, le deuxième est une partie d'un poème. IL est à lire ce livre, pour ceux et celles qui n'ont pas peur du thème...
Extraits : "J'ai longtemps cru que pour être aimée, il fallait que je sois un rat. Sage. Avec les réactions qu'on attendait. Un rat digne de ce nom. Alors l'amour et le regard qui brille de mère parce que son rat s'est bien tenu. A été gentil et sage. Peut-être qu'elle lui donnera un sucre comme aux chevaux et aux chiens.
Un sucre, c'est de l'amour. Enfin, je l'ai cru. Une récompense d'avoir été comme elle veut. Pour que maman m'aime être un bon rat. Se plier aux exigences. Se mettre de côté soi soi-même ne pas exister. C'est comme cela qu'on vous aime. C'est comme cela qu'on vous désire. Oui, c'est cela l'amour. Sinon, non. Et l'on vous punira. Et l'on vous fera comprendre que vous décevez vous être méprisable mauvais rat qui ne mérite pas une mère si dévouée qui fait tout pour lui ! Et les injures et les dénigrements. Mais ces coups là ne se voient pas ne laissent pas de trace non. Pas traces sur corps. Je vous parle d'autres blessures. Mère était professionnelle en autres blessures parce qu'elle avait élevé un mauvais rat et qu'elle ne pouvait faire autrement que de la blâmer.
Le mauvais rat c'était moi."
5/7 (Challenge proposé par Levraoueg (Nous sommes 77 inscrits) )