Le fils, de Meyer Philippe
parution 08/2014 - 670 p - traduit de l'américain
Une épopée texane sur plusieurs siècles, trois conteurs sur trois générations, le destin d'une famille qui traverse la conquête de l'Ouest.
Il y a d'abord le patriarche, celui que l'on appelle "Colonel", né en 1811. Enlevé par les Comanches vers l'âge de 11 ans, élevé par eux pendant quelques années puis retourné à la vie "civile", il va bourlinguer pendant la guerre de Sécession avant de s'installer au Texas et d'y monter un ranch. Perpétuellement tiraillé entre deux façons de vivre, c'est un homme dur et autoritaire qui va monter un empire.
Il y a Peter, son fils. né en 1870. Il est sensible, doux, peut fait pour les affaires et cependant dur à la tache au ranch et aimant la nature. Mais comment vivre avec ce père tyrannique qui l'écrase et la culpabilité de tous les morts mexicains qui jalonnent cette terre. Vient aussi le tournant du pétrole, et la disparition des pâturages pour laisser place aux derricks.
Et enfin il y a Jeanne-Anne, arrière-petite-fille du "colonel". Une fille dans un monde d'homme qui essaye de se faire une place, qui refuse le rôle de mère au foyer ou de secrétaire qu'on lui propose pour reprendre les rênes du ranch. Peut-on être une bonne mère et une femme active et ambitieuse dans les années 60 ? Quels sont les concessions qu'il faut faire pour être acceptée dans ce monde d'hommes qu'est celui du pétrole ?
Ces trois personnages prennent la parole tour à tour nous livrant leur histoire, leurs doutes, leurs espoirs, leurs peurs et leurs envies.
Une très belle fresque de l'Amérique qui reprend l'histoire de la conquête de l'Ouest et du Texas, la vie des indiens, des mexicains et des américains sur ce même territoire.
On est pris dans l'histoire, notamment de ce jeune homme qui apprend le mode de vie des Cheyennes (quelques scènes un peu dures de scalps, viols ou tortures) ou de ce fils qui porte le poids de la famille et de la transmission.
La narration est elle aussi intéressante puisque différente pour les trois : "le colonel" parle à la première personne, l'histoire du fils nous est transmise à travers son journal intime alors que la partie de Jeanne-Anne est à la troisième personne.
Une fresque familiale avec quelques longueurs malgré tout, mais pas assez pour lâcher ce bon pavé de la rentrée ! C'est un coup de coeur pour Papillon.
Merci aux éditions Albin Michel pour cette belle découverte.