La gaieté, de Lévy Justine
Justine Levy est une femme angoissée. Le jour ou elle attend son premier enfant, elle décide de mettre de côté toute la mélancolie et la tristesse qui est en elle pour ne laisser que de la gaieté.
Elle a peur de tout, et notamment de ne pas savoir ou pouvoir élever ses enfants. Elle revient justement sur ses souvenirs d'enfance, élevée par un père aimant mais souvent absent et plus souvent par des belles-mères jalouses et méchantes. Petite, elle voit régulièrement sa mère, une femme détruite par ses addictions à l'alcool et à la drogue. Cela lui a laissé une blessure l'idée qu'elle a été "une petite fille qui n'a pas su prendre soin de sa maman" . Par conséquent elle a la "peur absurde d'être une mauvaise mère comme j'ai été une mauvaise fille".
Malgré tout, c'est une écriture enjouée. Justine Lévy a un regard extérieur, elle connaît ses démons, ses problèmes et ne demande pas que l'on s'appitoie sur elle. J'ai plus d'une fois éclaté de rire lors de ma lecture. Et pourtant, quel combat ! quelle vie d'angoisse ! quelle douleur !
Un livre écrit avec ses tripes, une écriture parfois saccadée qui suit toutes les pensées qui trottent dans la tête de l'auteure.
J'ai été touchée par son honnêteté.
Extrait : "Moi si désordonnée, moi dont les belles-mères du moment disaient que j'étais une petite souillon, j'aime ramasser les jouets qui traînent, j'aime effacer les empreintes des doigts sur les murs, j'aime gratter le chocolat sur les fauteuils, j'aime réparer les bêtises des enfants et la trace de leurs jeux, je suis là pour ranger et ils sont là pour être des enfants, chacun sa place, chacun son rôle, le mien c'est de les laisser être joyeux, c'est de faire qu'ils soient contents de rentrer, contents d'inviter leurs copains, contents contents contents, c'est ça ma méthode d'éducation, c'est pas dis bonjour à la dame on ne parle pas la bouche pleine tiens toi tranquille et finis ton assiette, c'est sois contente, soit content, je ne sais pas si c'est bien, je ne sais pas si j'ai raison, mais je sais que Pablo a réussi à leur faire aimer Chopin, la mythologie grecque et Charlie Chaplin, et que moi j'aimerai leur apprendre que ce n'est pas très grave si il y a du feutre sur les murs, ou si on laisse la fenêtre ouverte quand il pleut, ou si on laisse déborder la baignoire tellement on joue pendant le bain."