Le premier jour du printemps, de Nancy Tucker
Qu'est ce qu'il m'a stressé ce livre ! Je lisais que la lecture permet d'abaisser le stress, et bien ce ne fut pas mon cas avec ce roman.
Dès la première ligne, tout est dit "Aujourd'hui, j'ai tué un petit garçon".
Chrissie a 8 ans et pousse dans une banlieue anglaise comme une mauvaise herbe laissée à l'abandon. Sa mère ne s'en occupe pas et son père est plus souvent absent que présent. En manque total d'amour, elle n'a aucune notion de comment vivre avec les autres et cherche constamment à attirer l'attention, même si c'est en étant violente. Le meurtre de ce petit garçon lui procure un sentiment de force. Garder le secret est exaltant.
Julia a 25 ans. Quand elle était petite, elle s'appelait Chrissie, mais après avoir passé des années dans un centre de rééducation, elle a changé de prénom pour éviter qu'on ne la retrouve. Maman célibataire d'une petite fille de 5 ans, elle essaye d'être la plus normale possible mais doute sans arrêt. Va-t-elle réussir à garder sa fille ?
On oscille de l'une à l'autre, et que ce soit la fillette ou la jeune mère, le suspense est prenant : Chrissie va-t-elle à nouveau tuer ? Julia va-t-elle s'en sortir ?
Le coeur de ce roman est l'amour maternel. Celui que Chrissie n'a jamais reçu et qu'elle espère toute sa vie. Celui que Julia essaye de donner à sa fille de manière maladroite. Il y est aussi question de rachat et d'expiation : peut-on donner une seconde chance à une personne qui a commis l'innommable ?
L'écriture est fluide, différente d'un personnage à l'autre, et on s'attache à cette petite fille malgré son geste, et encore plus à cette jeune femme si peu sûre de bien tenir son rôle de maman.
Extrait : "Nous étions liées par quelque chose de plus épais que le sang : une sombre poix de haine/désir/besoin."