Les patients du docteur Garcia, de Almudena Grandes
Tout débute dans les années 20, en Espagne, par la rencontre de deux hommes, qui, chacun avec leurs moyens, se battent dans le camp des républicains pendant la guerre d'Espagne. Guillermo Garcia Medina est médecin et opère les nombreux militaires ou civils touchés par la guerre. Manolo Benitez est diplomate. Touché par un tir, il va être soigné et sauvé par Guillermo. Une amitié inconditionnelle va les unir.
Tous deux vont continuer à soutenir leurs valeurs après la victoire de Franco. Devenus des hommes de l'ombre, ils ont tous deux changé de noms et vivent dans la clandestinité.
Pour faire tomber le régime de Franco, ils décident, aidés par la CIA, de démontrer que le régime est complice d'évasion d'anciens nazis, recherchés à l'international mais cachés en Espagne où ils reçoivent faux papiers et argent pour partir en Amérique du Sud. Manolo va infiltrer l'organisation et va être envoyé en Argentine. Guillermo reste en Espagne.
Mais l'Amérique change de camp, l'ennemi n'est plus l'Allemagne et les anciens nazis mais l'Union Soviétique. Et les deux hommes qui restent ancrés dans leurs idéaux se retrouvent bien seuls.
J'ai beaucoup aimé la première moitié du roman : la guerre d'Espagne, le combat entre le mouvement national et les républicains, la vie quotidienne en Espagne (couplé à une belle histoire d'amour) puis la victoire de Franco, les exactions contre les républicains, l'obligation de fuir ou de se cacher.
Toujours très intéressant, vient le choix de son camp : les franquistes qui continuent le combat en s'engageant auprès des allemands pendant la seconde guerre mondiale (moments assez durs avec les massacres de juifs perpétrés en Pologne) ou le combat pour repérer les nazis qui fuient et se réfugient en Espagne.
Et à partir de là j'ai été perdue ! Déjà j'avais dû me faire une fiche pour repérer qui était qui. Mais il y a une telle pléthore de personnages ... qui en plus ont des noms d'emprunts... Ma lecture a traîné en longueur et j'ai eu beaucoup de mal à finir les 668 pages de ce pavé. Je me suis rendue compte qu'il y avait 12 pages de récapitulatif des différents personnages - à raison d'une dizaine de noms par page, je vous laisse faire le calcul !
Dommage parce que c'est très intéressant d'un point de vue historique et j'ai appris plein de choses sur cette guerre d'Espagne que l'on étudie si peu en France.
Une saga qui nous emmène des années 20 jusqu'aux années 80 en passant par l'Espagne, l'Allemagne, l'Argentine mais aussi la Suisse, la France, la Pologne ou les Etats-Unis.
Extrait :
"Le monde a changé, répéta Goodwin.
- Et pas qu'un peu. Aujourd'hui vous choyez vos ennemis, investissez des millions de dollars en Italie, Allemagne, Autriche, que vous avez transformés en pays démocratiques, auxquels vous avez rendu indépendance, dignité et orgueil. Mais nous, les Espagnols, ne méritons pas ça, nous ne méritons rien, même si nous avons été les seuls à nous battre contre le fascisme. Ce fut peut-être précisément cela notre péché ? Avoir osé être antifasciste sans compter sur vous, sans demander votre permission, sans implorer votre aide providentielle, ces putains de débarquements qui n'auraient servi à rien du tout si Staline n'avait pas avancé sur le front de l'Est. Comme nous avons eu l'audace de ne pas vous être redevables, l'ami de vos ennemis est à présent votre ami, et les ennemis de Franco sont les vôtres. C'est à vomir.
[...]
- Le fasciste qui triomphe grâce à l'aide de l'Axe écrase de sa botte un pays entier, jonché de cadavres, et vous, contre toute logique, vous le bénissez, le soutenez, n'avez pas l'intention de le déranger, ni lui, ni les criminels qu'il protège. Et nous, les Espagnols, continuons d'être tellement cons, tellement naïfs, que nous risquons notre vie tous les jours, en attendant que vous vous rendiez compte que nous existons. Mais non, car pour nous le monde n'a pas changé et ne changera pas. Le monde ne change pas quand on vit sous une dictature."