Une reine, de Judith Elmaleh
Anna en est à son second divorce. Avec ses deux enfants, une fille de 17 ans et un fils de 5 ans, elle arrive dans un nouvel appartement, vide. C'est une femme qui a toujours régi sa famille, pris les décisions, mais là, c'est trop.
Sur un coup de tête, elle décide de laisser ses enfants à leurs pères respectifs pour partir 4 jours à Casablanca voir sa grand-mère, Mimi. Une femme droite et aimante qu'Anna n'a pas vu depuis sept ans.
Au cours de ces 4 jours, elle va découvrir qui est vraiment sa grand-mère. Mimi, mariée à 14 ans à son oncle, a été choisie pour son côté pauvre, analphabète, honnête. Une femme de l'ombre qui devait obéir, suivre les préceptes de la religion, respecter les coutumes et faire des enfants. Une vieille femme qui vit seule et qui annonce à sa petite fille "Tu sais, benti, tu as de la chance. Dieu me pardonne, j'ai tout fait pour divorcer ; mais je n'ai jamais pu."
Sidérée, Anna va apprendre à connaître cette grand-mère qu'elle croyait heureuse. Petite-fille et grand-mère sont toutes les deux en quête d'elles-mêmes.
Mimi est très attachante, ainsi que la jeune fille qui l'aide, Kabira. J'ai eu un peu plus de mal avec Anna que j'ai trouvé très rigide, persuadée d'avoir raison et d'une grande exigence envers les autres. Ces quelques jours à Casablanca et l'autonomie que cela a donné aux deux pères de ses enfants vont l'ébranler (un peu vite je trouve).
L'écriture est fluide et la plume est légère, assez lumineuse. On ressent bien l'atmosphère des soirées familiales, de l'appartement et de la ville.
Dommage qu'on n'en sache pas plus sur la vie de Mimi, ses premières années de mariage, sa manière de gérer ses trois premières grossesses et sa solitude.
Extrait : "Toute ma vie, mon père m'avait raconté des histoires pour ne pas me raconter son histoire. Et moi, des années plus tard, je me retrouvais ici, à ramasser des bribes de vérité."