La terre qui penche, de Martinez Carole
XIVème siècle. Blanche est une jeune châtelaine de 12 ans quand son père, un homme rustre et peu causant, l'enlève à sa vie pour l'amener au domaine des Murmures. Est-ce pour l'offrir au diable en échange de bonnes récoltes, est-ce pour se débarrasser de cette fille feu-follet ? Blanche va découvrir une nouvelle vie avec plus d'humanité, la possibilité de s'instruire, un avenir mais aussi des secrets, des rencontres.
Sur cette terre qui penche, sur ces coteaux où poussent les vignes et où dansent les fantômes de petites filles, sur les berges de la Loue où vit une Vouivre séductrice et mortelle, près des bois où courent les loups de son blason, dans un arbre où vit Aymon son promis, Blanche va faire l'apprentissage de la vie.
Carole Martinez nous ensorcelle dans un conte mi-réaliste, mi-fantastique à l'écriture entêtante. Réaliste quand il s'agit de la peste, des tournois, des mariages arrangés, de la vie des serfs, des fêtes de village ... Mais tout est enrobé de fantastique entre les croyances, les rencontres avec la Vouivre et les fantômes des quatorze filles de la cuisinière.
Et puis (et surtout) il y a les personnages. Blanche bien sûre, jeune fille en devenir, au caractère entêtée mais marquée par son éducation où la femme obéissante vit les yeux baissés. Aymon, jeune garçon lunaire et attachant, qui parle aux saisons et aux plantes, qui rit d'un rien et vit dans son arbre et son monde. Eloi, le jeune charpentier au grand coeur qui souhaite s'affranchir de son seigneur. Le seigneur Haute Pierre qui cache sa sensibilité derrière un corps obèse et le père de Blanche, un seigneur qui ne se plaît que dans la guerre et qui pourtant a aimé et été doux.
Je me suis laissé bercer et charmer par cette histoire même si les débuts ont été un peu difficile. Deux voix parlent tour à tour, celle de Blanche et celle de sa vieille âme et j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Il a fallu passer les cent premières pages et voir enfin Blanche arriver au domaine des Murmures pour que la magie s'opère. Et après, ce ne fut que du bonheur !