My absolute darling, de Gabriel Tallent

Et bien mon Dieu, quel livre ! Je devrais dire plutôt "putain de putain de salope de nom de Dieu, quel fichu livre !", parce qu'il y en a des mots grossiers dans ce roman !

J'ai été complètement déstabilisée :

- parce qu'une amie de ma soeur, plutôt classique, a dit que c'était "LE livre à lire"

- parce qu'un ami sur f------k le présente comme "chef d'oeuvre annoncé" et que la mère d'un ami commente "lu, fantastique"

- parce que je n'aime pas lire les quatrièmes de couverture et qu'au vu du titre et de l'illustration, je m'attendais à un livre limite "feel good"

et que ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout ça !

Julia, alias Turtle pour les connaissances, alias Croquette pour son père, vit avec ce dernier dans une maison délabrée le long de la côte nord de la Californie. Son papy alcoolique mais prévenant vit à côté dans un mobil-home.

A 14 ans, et depuis la mort de sa mère quand elle était petite, Croquette est élevée par son père dans une maltraitance glauque. Il l'aime plus que tout mais la détruit. Persuadé de la prochaine fin du monde, il lui a appris à tirer dès l'âge de 6 ans, il l'a traite de moins que rien, l'oblige à faire des exercices de tir quotidiennement, la harcèle et la brutalise et en même temps il s'occupe d'elle. C'est le seul amour qu'elle ai connu, elle s'est habitué à être maltraitée sans s'en rendre vraiment compte. Il la maintient dans un étau psychologique. Elle ne doit rien dire de peur d'être placée, elle pense ne pas pouvoir vivre sans son père et l'aime malgré tout le sadisme dont il fait preuve à son égard.

On est confronté à cette violence psychologique, limite voyeur sans pouvoir intervenir. Couverte de menaces, d'intimidations, de paroles humiliantes, Croquette est complètement sous la coupe de son père et elle se convint de la légitimité de ce qu'elle vit. Elle est persuadée de le mériter. "Ce soir-là dans sa chambre, Turtle est allongée par terre sur le ventre, le menton entre les mains, elle regarde la flamme de sa lampe à huile, elle se frotte les pieds et elle pense.[..] C'était peut-être à cause de toi, depuis le début. C'est peut-être quelque chose en toi. Quelque chose de pourri. Tu l'as cherché, ou tu l'as voulu. Bien sûr que oui. Tu l'as entraîné là-dedans alors que tu n'étais qu'une enfant, et ta mère a compris, et quand elle l'a compris elle s'est tuée, et à présent, il ne peut plus s'en sortir. Il te regarde dans les yeux et il a envie de mourir."

On est confronté aussi à la violence physique qu'il lui impose, et là j'ai eu beaucoup de mal à lire certaines pages.

On a envie de lui crier "fui, quitte ce bourreau ! ". On a envie qu'un tiers, ami, professeur ... fasse les démarches à sa place. Et on est impuissant devant tant de violence et de soumission. 

Alors, ce livre, qu'est ce que j'en ai pensé ?

Je n'ai pas aimé l'écriture grossière (je ne pense pas qu'il y ait une seule page sans le terme "putain"), je n'ai pas aimé l'aventure sur l'île qui tombe comme un cheveux sur la soupe, je n'ai pas du tout aimé les maltraitances physiques et sexuelles et j'ai sauté quelques pages. A soixante pages de la fin, j'ai cru que j'allais abandonner tellement c'était sombre et sordide.

J'ai admiré l'étau psychique qui se met en place, la finesse de la psychologie de Croquette, son intelligence. J'ai ri (et oui, il y a quand même des moments de légèreté) lors des conversations d'ados.

Mais quelle noirceur, quelle cruauté ! Une lecture éprouvante et très bien construite, mais définitivement, les romans noirs (impliquant des enfants) ne sont pas pour moi ! 

Extrait : 

"- Et qu'est ce qui va se passer, pour nous ? demande-t-elle

- Je ne sais pas.

- Tu ne sais pas.

- Bordel. Ça va aller, Croquette.

- Tu crois ?

- Bordel.

- C'est tout ce que tu as à dire ? Bordel ? Rien d'autre ?

Il garde longtemps le silence.

Elle pense, Ça n'est jamais allé, chez nous et ça n'ira jamais. Elle pense, Je ne sais même pas à quoi ça ressemble, d'aller bien. Je ne sais pas ce que ça signifie. Quand il est au meilleur de sa forme, on va mieux que bien. Quand il est au meilleur de sa forme, il s'élève largement au-dessus de la masse et il est plus incroyable que tout le reste. Mais il y a quelque chose en lui. Un défaut qui empoisonne tout. Que va-t-il advenir de nous ..."

Comments

[keisha]

Ben je l'ai commencé, et ce qui m'a fatiguée ce sont les détails d'usage des armes;.. Abandon.

[anjelica]

Mon mari me l'a conseillé mais je pense que je vais me protéger ... J'ai aussi beaucoup de mal avec ce sujet.

[Sylire]

Pas sûr que ce soit pour moi Non plus.

[Alex-Mot-à-Mots]

J'hésite à le lire à cause de son côté trop noir et parce qu'il y a des enfants, surtout.

[Jerome]

J'imagine à quel point ce doit être éprouvant. Un jour peut-être...

[krol]

Oui un livre très éprouvant ! J'ai eu besoin de faire des pauses dans ma lecture tellement c'était pesant. Et pourtant j'aime les romans noirs...

[Hilde]

Un livre qui fait souffrir, je n'ai pas trop envie de noter actuellement mais c'est toujours intéressant de découvrir des titres qu'on n'a pas l'habitude de lire. Parfois, certaines lectures éprouvantes sont bénéfiques. Je dis bien parfois! ;)

[Manika]

Pas sure d'avoir envie de lire ce genre de livre.

[aifelle1]

Je verrai quand il arrivera à la bibliothèque, mais je ne le sens pas très bien ...

[Luocine]

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[Luocine]

Je comprends trop bien les deux difficultés auxquelles tu t’es confrontée : la langue et la souffrance d’une enfant. Trop bien pour m’y confrontée moi aussi.

[keisha]

Livre toujours emprunté à la bibli, mais je sens que j'aurais du mal... Des longueurs j'ai l'impression?