Arène de Négar Djavadi

Qu'il est foisonnant ce livre ! J'ai entendu une de ses interviews où elle disait qu'il y avait une centaine de personnages dans ce roman. Et pourtant on ne s'y perd pas.

Benjamin a grandi avec sa mère dans le quartier de Belleville, un quartier cosmopolite, joyeux et vivant. Proche de la quarantaine, il a très bien réussi professionnellement en étant responsable France de BeCurrent, plateforme américaine qui diffuse des séries à des millions d'abonnés. Venu voir sa mère, un événement va bouleverser sa vie. Il faut dire que le quartier à changé : règlements de compte entre cités, drogues, trafics en tout genre, camps de migrants ... Et si c'était lui qui était responsable de la mort d'un jeune découvert le lendemain de son passage dans le quartier ?

Outre Benjamin et son questionnement, on va suivre Cathie, sa mère, qui est restée dans ce quartier en essayant de s'impliquer et qui héberge un jeune migrant, Amir, à qui elle donne toute l'attention que son fils ne lui donne plus. Il y a aussi Asya Baydar, jeune policière de l'unité urbaine de Paris. Provinciale d'origine turque, elle a fui sa famille, sa culture pour se fondre dans Paris. C'est elle qui va trouver le cadavre, filmée à ce moment-là par Camille, jeune fille un peu perdue depuis le divorce de ses parents, qui fait partie du réseau copwatch et filme les interventions des forces de l'ordre pour dénoncer les violences policières. 

Du côté des politiques, il y a ceux qui essayent de reprendre l'affaire à leur avantage : Stéphane Jahnaguir Shérif, activiste musulman pakistanais métis qui souhaite monter un projet culturel commun à tous les musulmans, et Roxane Hayavi-Daule qui brigue la mairie de Paris.

La psychologie des personnages est très bien développée, ce qui amène une empathie vers chacun, expliquant les dérives, les doutes, les décisions prises.

Mais les personnages principaux, c'est finalement ce quartier de Belleville multiculturel, cette arène de deal, de haine, de racisme et d'entraide qui va s'enflammer, et  les réseaux sociaux qui permettent une ultra connexion et transmettent des images qui deviennent virales en un clin d'oeil. Images qui seront exploitées par les plateformes médias pour présenter l'information ou changées en séries à succès.

Quand tout bascule en 48h.

Une lecture vivante et abrupte au rythme soutenu. Un reflet impitoyable de notre société.

Comments

[Géraldine]

100 personnages, ça m'effraie un peu, d'autant que je me suis souvent perdue dans les personnages de Désoriental, lu récemment.

Mais j'avais apprécié la plume de l'auteure et ce qu'elle a à dire, donc à voir !

[Manika]

Ho là plus de 100 personnages ça fait peur !

[Alex-Mot-à-Mots]

Une lecture forte dont je me souviens encore.

[luocine]

je crois beaucoup à ce qui est dit à la fin de ton billet, il faut parfois très peu pour que tout bascule dans des quartiers où l'équilibre est si précaire.

[Cristie]

Il me tente beaucoup. J'aime ce que tu en dis (écris)