Les vertueux de Yasmina Khadra
Yacine a toujours vécu dans son douar perdu dans les chaleurs de l'Algérie. Dans cet univers de pauvreté, il a été élevé dans le respect des aînés et des lois religieuses. Quand il se retrouve à 20 ans dans la folie des tranchées en France, c'est un bouleversement malgré les belles amitiés qui vont se nouer avec d'autres tirailleurs indigènes.
A son retour, rien ne se passe comme prévu, et Yacine va connaître de nombreuses déconvenues sur fond de domination des caïds ou des français.
J'aime l'écriture imagée de Yasmina Khadra et toute l'humanité et la fragilité qu'il met dans ses personnages. Et il y en a des fêlures chez tous ces hommes qui ont connu la boucherie de la guerre.
Mais j'ai trouvé que, pour le coup, Yacine était un peu trop "mou" et prenait, en plus, systématiquement les mauvaises décisions. J'ai été lassée par la cascade de malheurs qui s'abat sur lui. J'ai eu l'impression que l'auteur voulait nous parler de plein de thèmes : stress post-traumatique, colonialisme, pauvreté, fracture entre les ruraux et les citadins , solidarité ... et qu'il fallait du coup une nouvelle aventure pour chaque thème.
Après un début de roman que j'ai dévoré, je me suis donc un peu ennuyée et puis... le plaisir est revenu dans le dernier tiers.
Un livre plein de compassion, bien écrit, mais avec (pour moi) des longueurs.
Extrait :
"— Je commence à me faire du souci pour toi.
— Il n'y a pas de raison.
— Il y en a une, et elle est de taille. Tu es sincère, entier, pur et ça, c'est pas prudent. On ne peut pas être trop près du bon Dieu sans se mettre à la merci du diable.
— Je prends le risque.
— Il n’en vaut pas le détour, Yacine. Tu as le cœur sur la main, c’est-à-dire à la portée de n’importe qui. Essaye de le durcir un peu pour qu’il ne s’envole pas comme une feuille morte au premier coup de vent. De nos jours, les saints se cassent la figure chaque fois qu’ils se baissent pour prier.
— J’ai été élevé comme ça.
— Tu n’es pas dans ta Hamada. À Oran, on ne doit pas se tromper quand on fait la part des choses. Céder un pouce de son territoire, c’est abdiquer.
— Je tâcherai de m’en souvenir.
— Tu y as intérêt."