Nuit de septembre, de Villeneuve Angélique
Le 1er octobre 2014, il y a deux ans jour pour jour, Angélique Villeneuve enterrait son fils. Une quinzaine de jours avant, celui-ci s'était donné la mort dans sa chambre et avait été retrouvé au petit matin par son père et sa mère.
Dans ce livre au thème difficile, Angélique Villeneuve nous parle de "l'après". Une tristesse infinie mais digne. Le regard hébétée et lucide qu'elle porte sur les gens et les choses. Les petits objets qu'elle garde précieusement et qui lui rappellent son fils, un bout de savon, une céréale, des vieilles baskets. La chambre qui ne doit pas devenir un sanctuaire mais que personne n'utilisera plus. Les personnes qui sont autour de la famille et qui ne savent pas comment réagir, "T'apercevant au loin dans la rue, ceux que dans ton quartier tu connais changent soudain de trottoir ou rebroussent chemin. On ne t'invite plus à dîner le soir, ne te donne plus rendez-vous au café de la place pour bavarder de tout, de rien."
L'écriture est à la deuxième personnes du singulier, ce qui donne un recul intéressant et nécessaire. Cela évite aussi le côté "voyeuriste".
J'ai acheté ce livre, sur le conseil de Sylire, lors du salon de Binic, fin mars. J'avais énormément apprécié la plume d'Angélique Villeneuve lors de son précédent roman "fleurs d'hiver", mais le thème de "nuit de septembre" me faisait peur. Sylire, d'autres lecteurs et Angélique Villeneuve elle même m'ont rassuré en me disant que c'était un livre plein de lumière et de bienveillance. Il m'a fallu pourtant 5 mois avant d'oser le lire. Et malgré toute la la poésie de l'auteure et la beauté des mots, j'ai été marquée par la souffrance et mal à l'aise tout au long de cette lecture.
Un chemin vers la vie et la dignité. Un texte très fort, trop pour moi.
Extrait d'un entretien auquel on avait assisté avec Sylire aux Escales de Binic.