Les indésirables, de Ducret Diane
Une découverte d'une partie de l'Histoire de la seconde guerre mondiale que je ne connaissais pas.
En mai 1940, après huit mois de "drôle de guerre", Hitler attaque la France via les Pays-Bas et la Belgique. Le 12 mai, un avis est placardé : les hommes et les femmes d'origine allemande résidants dans le département de la Seine doivent se rendre, avec 30 kgs de bagage maximum, dans des centres de rassemblement. Pour les femmes, il s'agit du tristement célèbre Vel d'Hiv. Après neuf jours, les voici entassées dans des trains, direction les Pyrénées et le camps d'internement de Gurs. Ce camp contient déjà 20.000 hommes, principalement des espagnols et des partisans des Brigades internationales ayant fui l'Espagne de Franco et voit arriver 3.000 femmes ! Baraquements insalubres, paillasses pleines de puces et de poux, nourriture insuffisante, dysenterie, la vie est très dure physiquement. Heureusement il y a l'amitié, le projet fou de monter un cabaret, la solidarité entre internés et l'amour. Il y a aussi un chef de camp qui refuse de donner les noms des juives aux autorités allemandes après l'armistice.
Un livre qui mêle roman et faits historiques, ce que j'aime particulièrement, mais une écriture un peu trop "ampoulée" pour moi. J'aime au contraire les écritures concises, et même si l'auteure arrive à bien rendre les sentiments des personnages, les circonvolutions de l'écriture m'ont gênées. J'ai continué à lire pour l'histoire, mais j'ai sauté quelques passages. Par contre, les chapitres sont entrecoupés avec des poèmes de Hannah Arendt (elle même internée) ou des chansons, ce qui est assez agréable.
Extrait : "Près des barbelés gémissent cinq grandes auges que transperce un tuyau de plomb parsemé de trous. Il faut les appeler robinets, et ces simples baquets au-dessus de la boue, la salle d'eau. Pendant deux heures, le matin, elles laissent s'échapper non pas l'écoulement continu, gaillard et syncopé d'une cascade, ni même le bruit des gouttes charnues tombant du ciel avec gravité, mais une eau brisée, un filet à la sonorité discrète, un murmure à l'oreille d'Eva, face au vacarme humain."
Flammarion - 312 p. 03/2017