L'enfant qui, de Jeanne Bennameur
Quand un livre de cette auteure parait, je me précipite ! Mais là je n'ai pas réussi à me laisser transporter.
Un enfant, un père, une grand-mère, et une femme / mère absente. Il y a l'enfant qui cherche des réponses à la disparition de sa mère, qui retrouve dans la forêt les traces de son absence et les souvenirs de leur complicité. Le mari et père, silencieux et renfermé, qui a aimé cette femme étrangère sans vraiment la comprendre et qui n'arrive plus à aimer. Et enfin la grand-mère qui observe et a peur que son petit-fils mutique n'ait hérité de la liberté de sa mère.
Un livre sur l'absence, le manque mais aussi la liberté. Un style épuré que j'ai retrouvé avec plaisir. Malheureusement je n'ai pas réussi à m'attacher à ce livre, il m'a manqué une profondeur que je n'ai pas su voir. Du coup ce livre ne m'est pas resté en mémoire. Néanmoins j'essayerai de le relire dans quelques mois.
Parution 05/2017 - 119 p. - Actes Sud
Extrait : "« Quand il avait rencontré ta mère, elle qui marchait si fière et silencieuse, c'était comme si elle ne venait pas de la lignée de ceux qui avaient d'abord regardé la terre. Elle était droite et toute la souplesse de ses hanches disait qu'elle ne faisait aucun effort pour ça. Son regard allait loin devant elle. Elle portait haut les yeux. Elle semblait étrangère à tous ceux qu'il connaissait et c'est cela qu'il avait aimé. Elle, il ne l'avait jamais imaginée ployée vers la terre. C'était impossible. Et avec elle, il n'y aurait aucun risque de retourner à la vie courbée. Elle le tenait dans son regard.
Ce pouvoir là, il était aussi fort que celui de son corps nu contre le sien chaque nuit. Peut être même plus.
Mais on ne peut pas confier ses os à quelqu'un.
C'est trop. Il lui en avait voulu de cela même qu'il désirait au plus profond de lui. Confier à quelqu'un d'autre le pouvoir de se tenir debout, c'était trop, oui, beaucoup trop. Alors la rage de dépendre et de ne même pas comprendre de quoi on dépend l'avait peu à peu envahi. Il avait cru que son désir d'elle, c'était le désir tout simple qui fait vibrer les corps et rend puissant le temps d'une nuit mais aujourd'hui il mesure que son désir était bien plus vaste. Infini. Que ce désir touchait à des choses qui dépassent de loin ce qu'on nomme amour ou peut être l'amour n'est-il que cela ? Il ne sait plus rien.
Elle a disparu. Il était trop lourd à porter ?
On pouvait bien raconter tout ce qu'on voulait sur sa disparition. Lui, il sait bien qu'elle ne t'aurait jamais abandonné pour aller sur les routes. Elle t'aurait emporté avec elle. A son étrange façon. Elle qui ne savait pas donner la main comme le font les mères d'ici. Elle qui n'avait pas dans les bras le poids des enfants qu'on tient contre sa poitrine pour les bercer. Elle t'emportait dans son regard et tu la suivais. Tu étais du même sang qu'elle. Tous les deux vous étiez libres. Pas lui. »