No Home, de Yaa Gyasi
Tout commence par Maame, au milieu du 18ème siècle. Cette jeune femme de la Côte-de-l'Or (actuel Ghana) va donner naissance à deux filles avec deux pères différents, dans deux villages rivaux. L'un subit l'esclavage quand l'autre travaille avec les anglais et livre les noirs capturés. Sur ses deux filles, l'une va devenir esclave et va être envoyée aux États-Unis, l'autre va être mariée à un anglais esclavagiste.
Deux destins qui vont avoir des répercussions sur toutes leurs descendances jusqu'aux années 2000.
Chaque chapitre présente un des descendants. Rarement l'enfance mais plutôt la vie, la prise de conscience du racisme, les inégalités, les rencontres, les combats. Comme il y a un arbre généalogique très simple en début du roman, on ne se perd pas du tout bien que l'on suive sept générations dans chacune des deux branches (donc 14 portraits).
A travers ces hommes et ces femmes, on suit la colonisation de l'Afrique, les guerres tribales, les esclaves dans les plantations américaines, l'abolition de l'esclavage remplacé par la ségrégation, l'indépendance du Ghana, les violences policières, le ghetto de Harlem, le poids de la sorcellerie, la couleur de la peau, les ravages de la drogue.
Couleur de peau, esclavage et racisme sont les fils conducteurs de ce superbe roman qui fait comprendre le long chemin vers la liberté des africains et afro-américains et le poids de l'héritage familial.
Une construction extrêmement bien maîtrisée, un roman historique très intéressant, une narration fluide et en plus une belle couverture. Pour un premier roman, c'est une très belle réussite.