parution 08/2015 - 478 p.
Je n'avais pas réussi à entrer dans son dernier livre "Rien ne s'oppose à la nuit" que j'avais trouvé trop "je fais ma psychothérapie", du coup j'ai hésité à lire celui-là. Et puis elle est passée dans ma ville, et puis une amie me l'a prêté, et puis je voulais sortir un peu de mon marathon lecture jeunesse (14 livres à lire en quatre jours avant de les présenter aux élèves...).
Donc, me voici lancée dans cette lecture avec un a-priori pas tout à fait positif !
Une écrivain nommée Delphine connaît une petite panne d'écriture après la parution d'un récit autofictionnel qui a très bien marché. Elle a cependant une idée de trame pour un livre de fiction. Elle va alors rencontrer dans une réception une femme nommée "L" qui va petit à petit avoir une emprise sur elle. C'est une femme qui représente pour Delphine la grâce, la féminité et l'assurance. "L" se positionne comme une personne ressource, une amie que l'on peut appeler à n'importe quelle heure, qui s'inquiète de vous, vous aide dans les moments difficiles. Or "L" à une idée très précise de ce que Delphine doit écrire pour son prochain roman : elle doit rester dans l'univers autobiographique et parler des conséquences de la parution de son dernier ouvrage. Petit à petit, l'emprise de "L" sur Delphine va devenir obsessionnelle, plongeant l'écrivain dans une dépression, l'entravant et la menant vers le point de rupture.
Plus que l'histoire en elle-même, tout l'enjeu du livre (et ce qui m'a le plus intéressé) est de savoir si il s'agit d'une fiction ou d'une autobiographie. L'auteure brouille les cartes en donnant à son personnage principal son propre prénom, en y rajoutant le prénom de son compagnon, et en parlant du succès de son dernier livre à connotation autobiographique. Et en même temps, comme le petit poucet, elle sème le trouble en posant la question de la fiction « Mais les lecteurs n’aiment pas se faire arnaquer. Ce qu’ils veulent, c’est que la règle du jeu soit claire. Nous, on veut savoir à quoi s’en tenir. C’est vrai ou ce n’est pas vrai, un point c’est tout. C’est une autobiographie ou c’est une pure fiction. »
C'est un roman à la structure assez diabolique : et si tout ce livre n'était que fiction pour montrer que le vrai n'est pas nécessaire pour faire un bon roman ? Et si c'est le lecteur qui se faisait manipuler et non pas Delphine ? Et ceci, jusqu'au mot de fin final !
En tout cas, chapeau !
Extrait : "Je pense que n’importe quel auteur un peu habile peut faire ça. Multiplier les effets du réel pour faire croire que ce qu’il raconte a eu lieu. Et je vous mets au défi – vous, moi, n’importe qui – de démêler le vrai du faux. D’ailleurs, ce pourrait être un projet littéraire, écrire un livre entier qui donnerait à lire comme une histoire vraie, un livre soi-disant inspiré de faits réels, mais dont tout ou presque serait inventé."
