Mille ans après la guerre, de Carine Fernandez
Un livre de la rentrée littéraire que j'ai reçu après avoir gagné le concours Instagram #lecturesdevacancesbabelio.
Miguel, surnommé Medianoche, avait 17 ans en 1938 quand il a été arrêté par les Franquistes. Soixante ans après, le voilà sur le chemin de son village d'enfance et tous les souvenirs vont remonter : son frère jumeau qui n'est plus avec lui, ses années d'enfermement, sa rencontre avec un révolutionnaire lettré et poète, sa soif de liberté, ses renoncements et les douleurs de la vie.
Des flash-back qui nous permettent de plonger dans la guerre civile espagnole avec ses horreurs et ses belles rencontres, dans la vie à la campagne rude et pauvre, dans le combat des révolutionnaires, dans l'analphabétisme et la culture. A travers son retour en arrière Miguel va surtout pouvoir enfin tourner la page après des années de traumatisme et de mutisme en acceptant ses choix de vie.
Un personnage attachant avec son aspect bourru et son immense fragilité. Une histoire personnelle qui se mêle à la grande Histoire de la guerre d'Espagne. Une écriture poétique où les sens sont mis en avant. Une belle lecture qu'il faut prendre le temps de savourer. Les quelques longueurs ne m'ont pas empêché d'apprécier cette lecture.
Extrait : " Le vieux avance, escorté de son armée de fantômes, de son camp gris de vaincus, il avance, le regard brouillé vers le drapeau rouge et or qui se déploie au dessus de la caserne de la guardia-civil. Il voudrait ne pas le voir, l'effacer à jamais de son ciel d'Espagne et de sa mémoire. Qu'il le veuille de toutes ses forces n'y change rien. Pour cela aussi il est impuissant. Il n'a aucune prise sur le monde.
Rien ne peut faire que le drapeau ne soit là, devant lui, à lui claquer au nez ses deux couleurs auxquelles il manque la troisième : le violet de la République, la teinte du ciel quand vient le soir, la page mauve où les hirondelles écrivent leurs traits vibrants, leurs paraphes orgueilleux, leurs strophes à la liberté. Contre la dureté du monde, la méchanceté des hommes, il ne peut rien."